L’Alliance des États du Sahel (AES) notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont en proie entre autres à une crise politique telle que l’arrestation des hommes politiques et l’interdiction des activités politiques jusqu’à nouvel ordre et à l’insécurité. Reçu ce samedi 29 juin 2024 sur l’émission “Géostratégie” de Radio Bénin animée par le journaliste Gédéon Vègba, le Père Eric Aguénounon, Directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP), philosophe politique, Écrivain essayiste, spécialiste des relations internationales et analyste politique est revenu sur la situation qui prévaut actuellement au sein de l’AES. Faisant état de la résurgence de la crise sur toutes les formes dans ces différents pays, il a déclaré qu’à l’analyse, il comprend le diagnostic que les militaires “ont fait avant de prendre le pouvoir “ notamment les questions sécuritaires, de souveraineté, de gouvernance et de développement. “Quand on prend tout cela ensemble, on se rend compte que, effectivement, ils ont raison dans l’élan qu’ils ont pris de prendre le pouvoir” a laissé entendre le Père Aguénounon.
Mais pour le philosophe politique, “tout coup d’Etat quand ça réussit, c’est bon mais quand ça échoue vous êtes incarcérés pour longtemps pour haute trahison “. Donc a-t-il fait savoir, “c’est toujours un risque de faire un coup d’Etat”. Car selon lui, “le coup d’Etat en soi n’est pas la solution à un problème. Mais le coup d ‘Etat vient juste pour changer la donne d’une situation présente”. “Mais ce n’est pas la solution à venir. Dans l’histoire de l’Afrique, vous allez constater que tous les militaires qui ont pris le pouvoir n’ont pas géré le pouvoir entre militaires. Ils ont associé les civils à divers niveaux et la plupart d’eux tout de suite ont enlevé le treillis pour revêtir le boubou ou bien le costume parce qu’ils veulent gérer avec les civils” a lâché l’analyste politique.
Pour le spécialiste des relations internationales, “ à la première chose, les militaires ne sont pas faits à la base pour la gestion du pouvoir d’Etat” et que “ce ne sont pas des hommes d’Etat” mais “ ce sont des hommes en arme”. “Ils maitrisent les questions de sécurité, les questions de protection du territoire. Donc la première chose, ils ne peuvent pas gérer sans les civils. Il faut associer forcément les civils pour gérer le pouvoir d’Etat” a indiqué l’invité de Gédéon Vègba. Quant au deuxième point selon le philosophe politique, “la question sécuritaire à l’heure actuelle dans le Sahel et même pour les pays côtiers dans le Nord, c’est la question du terrorisme.’. Pour le Père Aguénounon, “c’est un combat asymétrique où on ne sait pas où sont tapis vraiment l’ennemi”. “Ce sont des embuscades, ce sont des attaques impromptues, ce sont des attaques surprises” a-t-il souligné avant d’ajouter : “C’est le terrorisme. C’est l’islamisme violent. C’est aussi du banditisme parce que aller attaquer la nuit des militaires qui dorment ou des militaires qui sont en faction ou aller tuer des populations” et qu‘ “en fait ce n’est pas ça la guerre”.
Pour lui, “la vraie guerre conventionnelle on sait ce que sait”. Ces militaires, a-t-il précisé, “ont à faire à un terrain qui n’est pas un terrain de guerre mais un terrain où ils affrontent les djihadistes au quotidien dans une incertitude totale et ils ont été sous les civils”. Le Directeur de l’IAJP n’a pas manqué de signifier que “ le fait de prendre le pouvoir pour dire parce que on est sous les civils on n’arrive pas à sécuriser notre pays, c’est une raison fallacieuse”. Pour le Père Aguénounon, “ il y a plutôt derrière un goût du pouvoir, une soif du pouvoir. Donc à l’évidence ils n’arrivent pas parce que c’est une question très complexe”. Au sujet du 3ème point selon le Philosophe politique, “c’est quand un militaire dit : “je prends le pouvoir pour sécuriser mon pays« . Le premier problème qu’il rencontre, c’est déjà au sein de l’armée. D’autres ne sont pas d’accord et ils pensent d’abord plus à leur propre protection que la protection des populations “.