Dans une déclaration rendue publique ce mardi 04 novembre 2025, le Parti communiste du Bénin (PCB) s’est prononcé sur le projet de révision de la constitution .Selon ce parti, « la souveraineté du peuple est abolie » .Lire la déclaration
Déclaration
Le jeudi 30 octobre 2025, en plein processus électoral, le pouvoir de Talon décide de réviser la Constitution, la loi fondamentale d’où procèdent les élections. La proposition de loi portant révision de la Constitution introduite par Aké Natondé et Assane Séïbou, au nom des deux partis siamois de Patrice Talon dans son contenu instaure, avec la création d’un Sénat un régime politique monstrueux de type monarchique. La souveraineté du peuple est abolie.
1- L’Assemblée nationale est mise sous la tutelle complète du Sénat, organe non élu. En effet, la proposition dispose :
« En matière législative, il délibère, a priori, tout projet ou proposition de loi à caractère politique, notamment lorsque les projets ou propositions de loi intéressent la dévolution ou l’organisation du pouvoir d’État, les finances publiques, la sécurité intérieure et la défense du territoire.
Il peut, alors même que le président de la République n’a pas usé de ce pouvoir, solliciter une seconde lecture de toute loi votée à l’Assemblée nationale.
Lorsque, à sa demande de seconde lecture d’une loi, l’Assemblée nationale écarte les observations du Président de la République, le Sénat est saisi en lecture définitive.
2- Le Président de la République est réduit à l’état de garçon de course du Sénat et par conséquent de son président.
Ainsi, « alors même que le président de la République n’a pas usé de ce pouvoir, le Sénat peut solliciter une seconde lecture de toute loi votée à l’Assemblée nationale. Et Lorsque, à sa demande de seconde lecture d’une loi, l’Assemblée nationale écarte les observations du Président de la République, le Sénat est saisi en lecture définitive.
Le Sénat est le maitre absolu, a priori et a post Iori (en lecture définitive)..
3- Le Sénat est donc au-dessus de toutes les Institutions représentatives, Députés et Assemblée nationale, Président de la République.
A cet effet, le Sénat assure la police et la justice au niveau du Gouvernement et du Parlement. L’’Article 113-2 (création) dispose : « Le Sénat se prononce sur les comportements des … membres de l’Assemblée nationale, du Gouvernement ….. qui contreviennent aux dispositions des articles 5 1et 113-1 de la présente Constitution et prend les sanctions et les mesures prévues à son règlement intérieur ».
4- La souveraineté du peuple est abolie.
Après avoir mis sous sa tutelle et sa surveillance, Assemblée nationale et ses « Honorables » députés, le Gouvernement et les ministres, la nouvelle loi dispose que le peuple lui-même doit se taire jusqu’à ce que le monarque l’autorise à donner son avis, seulement une fois tous les quatre ans. Entretemps, il peut déjà changer tout ce qu’il veut, toutes les règles, comme bon lui semble, car c’est lui, à travers le Sénat qui « veille à la stabilité politique, la continuité de l’État, au débat politique contradictoire constructif ». Avec la proposition de révision de la Constitution, le pouvoir de Talon a aboli la souveraineté du peuple. On n’est plus en République, on est dans un régime exceptionnel, monstrueux de type monarchique.
5- Avec cette révision, le Sénat, organe non élu, supplante l’Assemblée Nationale avec des députés élus qu’il peut sanctionner, le gouvernement dont il peut démettre des membres que le Président de la République a nommés. Le peuple lui-même est marginalisé et avili. Avec la révision de 2019, Patrice Talon avait créé un vice-président (kpayo) c’est-à-dire qui inaugure les chrysanthèmes ; avec cette révision, il invente un Président (kpayo).
6- De tels régimes monstrueux, provocateurs de la dignité et de la souveraineté du peuple, notre pays en a connus, lorsque les dirigeants et leurs maîtres impérialistes sont à bout de souffle. On se souvient du « monstre à trois têtes » en 1970 après la faillite complète de la gouvernance des partis néocoloniaux dont les chefs Maga, Ahomadégbé et Akpiti devaient se relayer à tout de rôle à la tête du Gouvernement. On se souvient de la dictature autocratique sous Mathieu Kérékou, avec sa Loi Fondamentale matérialisée par la création d’un Parti unique, le PRPB, une Confédération syndicale unique, UNSTD, une organisation des femmes unique (OFRB), des jeunes unique (OJRB). La suite, le peuple souverain a repris ses droits.
7- Le pouvoir de Talon, rejeté de toutes parts, après avoir exclu le peuple des élections, pense pouvoir l’exclure même de tout débat politique libre. L’autocratie rejetée veut se muer en monarchie. Mais le peuple souverain reprendra ses droits. Comme naguère où il n’a pas courbé l’échine, n’a pas cédé au découragement et a enclenché le difficile et glorieux processus qui a conduit au renversement du système en 1989-90, le peuple souverain recouvrira sa souveraineté ; cette fois-ci pleinement, véritablement pour construire un avenir radieux.
Cotonou, le 04 novembre 2025
La Parti Communiste du Bénin