Depuis quelques mois, le député à l’Assemblée nationale, Dakpè Sossou, multiplie les maladresses publiques avec une régularité qui met en mal le climat politique au Bénin. Pour la dernière, le coutumier des propos à polémique demandait pardon à Boni Yayi de ne pas désigner un duo de candidats pour la présidentielle afin de permettre au Mono d’avoir aussi un président de la République. Des propos à la fois régionalistes et incendiaires qui doivent amener l’ancien maire de Lokossa à la fermer pour une fois.
Entre déclarations improvisées déplacées, prises de position mal orientées et sorties médiatiques hasardeuses et non concordantes, Dakpê Sossou semble définitivement avoir troqué son manteau de sage et notable pour celui d’un polémiste. Le résultat de ce changement de posture de l’ancien maire de la cité de Kotafons est visible. Chacune des interventions du parlementaire membre du parti Union progressiste le Renouveau ajoute un peu plus au malaise d’une opinion déjà sceptique quant à la qualité des acteurs politiques au Bénin. Ses dernières déclarations le samedi dernier à l’occasion de la cérémonie d’investiture du duo de la mouvance à travers lesquelles il demande au leader du parti de l’opposition Les Démocrates, Boni Yayi, de renoncer à la désignation du duo de candidats de son parti pour aider le Mono qui a vu l’un de ses fils être candidat à l’élection présidentielle pour la première fois à gagner au premier tour. Ces propos, loin d’œuvrer pour le renforcement de l’unité nationale au-delà des divergences politiques et des intérêts égoïstes, promeuvent le racisme régionaliste. Sinon, au nom de quoi un élu parlementaire de la mouvance peut se rabaisser jusqu’à demander « pardon » à un adversaire politique pour qu’un fils candidat originaire du département du Mono bénéficie du suffrage majoritaire pour être élu président de la République ? Même dans le camp de la mouvance, ces propos sont mal perçus, car remettant en cause toute la supériorité dont les partis politiques se vantent depuis des années. En réalité, si les formations politiques qui soutiennent le président Patrice Talon avaient cette hégémonie qu’elles faisaient croire, elles n’ont pas besoin de supplier l’opposition de les laisser le champ libre afin que leur candidat remporte le scrutin. Pour certains observateurs, ces dérives verbales sont les résultantes d’une stratégie de communication politique mal pensée et non quadrillée. Dakpê Sossou doit enfin comprendre qu’à force de vouloir plaire à tout le monde, on finit par être mal vu. En confondant visibilité et crédibilité, le député semble ignorer qu’avec son rang, chaque mot pèse, chaque phrase compte, chaque silence a sa valeur. Le Bénin n’a pas besoin des acteurs politiques régionalistes, encore moins d’un orateur improvisé qui se perd dans ses propres contradictoires. Dans un contexte où la confiance entre le peuple et ses dirigeants est déjà fragile, il serait peut-être temps que Dakpè Sousou se rappelle qu’un grand homme se distingue moins par ce qu’il dit que par ce qu’il tait. La sagesse lui recommande donc qu’à défaut de sortir des propos qui le décrédibilisent, il serait mieux de garder le silence.
Mohamed Yèkini