Depuis quelques mois, les Béninois assistent impuissants à des bavures policières qui ont déjà fait plusieurs morts. L’État joue au sapeur pompier à qui la maîtrise de la situation échappe complètement. Des bouc- émissaires sont pointés de doigts sans pour autant convaincre l’opinion publique qui espère du concret pour ramener l’ordre dans le désordre entretenu dans le rang des forces de défense et de sécurité, pourtant censées protéger les citoyens.
A Hèvié, la mort du jeune Martin Hounga tué la nuit du lundi 04 au mardi 05 septembre 2023, n’est toujours pas élucidée. La hiérarchie policière a promis de la lumière et des sanctions que les béninois attendent toujours. Le 20 Novembre 2024, à Madécali au Nord du Bénin, un homme est mort après avoir reçu des balles. Fayçal Ouorou est mort après avoir été molesté nuitamment par des agents de la police. Ces cas des plus connus du public continuent de faire débat révélant à suffisance le malaise dans la gestion de la sécurité des béninois par le régime dit de la rupture. Malheureusement la gravité de ces bavures, les auteurs n’ont été nullement inquiétés aussi bien sur le plan administratif que pénal. Chose qui n’est pas normale. Dans un tel contexte, la responsabilité des bavures est partagée entre tous les acteurs, du plus haut niveau de la hiérarchie policière aux moins gradés du corps. Au-delà, le ministre de l’intérieur qui a sous sa responsabilité et tutelle la Police Républicaine doit assumer pleinement la responsabilité de ces actes graves posés par des agents de cette corporation. Plus grave, en lieu et place de mesures rassurantes, le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, Alassane Seibou annonce aux béninois un futur meilleur sans dire concrètement ce que le gouvernement auquel il appartient fait pour décourager ceux qui, parmi ces policiers, ont la gâchette facile et ont déjà tué de paisibles citoyens. Il reconnaît publiquement qu’il y a des bavures inacceptables et que certains agents ont des comportements qui sont en porte à faux avec les valeurs prononcées au sein de la police. « Désormais, un agent qui va se rendre coupable de la mort d’un honnête citoyen va pouvoir repondre », menace le ministre qui a vu d’abord plusieurs honnêtes citoyens tués par ces agents avant de se rendre compte qu’il faut appliquer des lois. Où était-il quand depuis 2016, les policiers commettaient des bavures mortelles ? N’est-ce pas que c’est en sanctionnant les auteurs des bavures dénoncées que d’autres policiers éviteront de commettre les mêmes fautes ? Ou bien c’est maintenant que le ministre découvre l’existence de lois régissant ces actes répréhensibles ?
Dans la zone septentrionale du Bénin, les Djihadistes terrorisent les citoyens mais au lieu de travailler à défendre, sécuriser et rassurer les populations, la police frappe en multipliant des bavures que le ministre de l’intérieur en bon sapeur pompier, promet donc désormais sanctionner, semble-t-il avec la dernière rigueur.
A l’ère des réseaux sociaux, avec leurs avantages et inconvénients, les policiers ont-ils bénéficié de l’État ou de leur hiérarchie de recyclage ou de mise à niveau nécessaires ?
Il y a quelques mois, le gouvernement dont fait partir Alassane Seibou a mis à la retraite d’office plus de 1000 fonctionnaires des Forces de défense et de sécurité dont 700 militaires, 315 Policiers républicains, 29 Forestiers et 30 douaniers. Desquels fonctionnaires les policiers encore en fonction devraient recevoir les formations nécessaires pour faire face aux situations qui les poussent à tuer sans ménagement depuis plusieurs années.
Alassane Séibou a fait semblant de rassurer les citoyens sans vraiment les rassurer. En confirmant urbi et orbi ces bavures qui sont devenues monnaie courante à la police, il se culpabilise sans le savoir.