Jusqu’où mènera la tension entre le Bénin et le Niger ? Bien malin pourra le savoir. Mais la certitude est telle que l’étau se resserre davantage à mesure que les deux parties multiplient les sorties médiatiques. Jeudi 06 juin 2024, c’est le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Metonou, qui informait l’opinion publique internationale de l’arrestation de cinq intrus nigériens, qui se sont introduits de manière frauduleuse sur le site de la station terminale de Wapco-Bénin à Sèmè Kpodji. Les mis en cause n’auraient pas décliné leur identité et auraient contourné le protocole habituel d’accès au site. Une violation, selon le procureur de la Criet, de l’article 29.6 de l’accord relatif à la construction et l’exploitation d’un système de transport des hydrocarbures par pipeline, prévoyant que « l’Etat béninois autorise les autorités publiques nigériennes à accéder au compteur du terminal sis dans le terminal de la société WAPCO Bénin ». Au nom donc de cet article, les individus arrêtés, et dont deux sont soupçonnés d’être des «agents nigériens au service du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP)», sont maintenus dans les liens de la justice béninoise.
Mais, la réaction des autorités nigériennes n’a pas tardé. Dans une conférence de presse qu’ils ont co-animée, les ministres nigériens du pétrole, Mahaman Moustapha Barke et celui de la justice ont exigé la libération sans condition des individus arrêtés. Les ministres nigériens ont par ailleurs, annoncé avoir été instruits par le président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le général Tchiani, d’acter la fermeture du poste initial de brut de Koulele, à Agadem, dès lors que les personnes mis aux arrêts et auxquelles fait partie la Directrice générale du WAPCO – Niger, ne sont pas libérés. « Le bateau ne pourra plus charger. Nous n’allons plus envoyer le pétrole dans le pipeline jusqu’à ce que les béninois respectent leurs engagements et jusqu’à ce que le partenaire chinois les amène à respecter leurs engagements », a déclaré le ministre nigérien du pétrole face à la presse ce jeudi. De son côté, le ministre nigérien de la Justice trouve contrairement à Mario Metonou, que « les nigériens présents sur le territoire béninois le sont en toute légalité ».
Cette situation intervient quelques heures seulement après que les autorités béninoises aient donné le feu vert pour le transport sans anicroche, du pétrole nigérien vers le marché international, ce, en dépit de la position figée du Niger de garder ses frontières terrestres fermées avec le Bénin.
Avec ce nouveau rebondissement, les choses se compliquent davantage. La normalisation des relations entre le Bénin et le Niger ne sera donc pas pour demain.
Ignace TOSSOU