La réforme du système partisan fait par le Président de la République du Bénin, Patrice Talon, à son arrivée au pouvoir en 2016 continue de susciter des débats au sein de la classe politique et celle de la société civile. La dernière en date est celle du Père Éric Aguénounon, Directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP), Philosophe politique, analyste politique et Écrivain- Essayiste sur la chaine de télévision en ligne ESAE TV le dimanche 28 avril 2024. “Je ne suis pas d’accord pour cette réforme. Je suis d’accord pour le diagnostic qui est fait mais cette solution ne m’a gré pas” a déclaré le philosophe politique avant de poursuivre : ” J’ai écrit un livre dont le titre est “La Frénésie du Messianisme”. J’ai parlé du système partisan dans le livre. J’ai mis en annexe un document publié autrefois par le ministre Abraham Zinzuindohoué”.
L’analyste politique a indiqué qu’“il est d’accord “pour un système partisan qui se met en place par la volonté et la conscience des hommes tout naturellement comme le parti Union fait la Nation qui est un regroupement” de plusieurs partis. L’Écrivain-Essayiste a fait savoir que des acteurs politiques “ ont eu cette initiative avant la réforme du système partisan”. Mais, le Père Éric Aguénounon a dénoncé que “cette réforme vient à pas de charge”.Il l’a qualifiée “du juridisme”. Pour le philosophe politique, “ par la loi, on oblige les uns et les autres à se ranger par la force de la loi”. Cette méthode, selon lui, “laisse des séquelles”. “Les séquelles aujourd’hui, c’est d’avoir un code arrimé à ce système partisan. Donc on force les choses” a lâché le Père Aguénounon. Pour l’observateur politique, “de façon naturelle, il y a une sélection qui se faisait autrefois” et “ quand il y a une élection législative, vous avez plusieurs partis “ et que “ si 300 partis sont candidats aux élections législatives, il n’y aura pas 300 au parlement”. Selon le Directeur de l’IAJP, “ il y a déjà une sélection naturelle”. “ Quand on avait 27 candidats aux élections présidentielles, au 2ème tour, on n’a plus ce nombre là. Donc il y avait une sélection naturelle qui se faisait” a souligné l’analyste politique. Mais, dit-il, “ on a voulu faire du système partisan un peu” comme “un aménagement territorial”. Pour le premier responsable de l’IAJP, “ par exemple, si cet arbre n’est pas beau il faut l’enlever,
Marchandage politique
Au sujet du marchandage politique que l’on constate au sein de la classe politique, le Père Eric Aguénounon a déclaré que “ c’est l’argent roi qui gérait ce marchandage”. Pour le philosophe politique, “dans tout pays, au-dessus du politique, il y a le monde des finances”. Il a précisé donc que c’est le monde des finances qui “arrose les politiques”. C’est pourquoi l’observateur politique a demandé qu’“il faut aller au-delà et savoir raison gardée”. Selon l’analyste politique, “ le système partisan tel que nous l’avons aujourd’hui, je ne vois pas ce que ça change en terme politique”. Il a par ailleurs révélé qu’“ il y a beaucoup de bruits de couloir” et que quand on écoute les uns et les autres, on constate que “tous ceux qui sont dans les deux blocs (UPR, BR) ne sont pas satisfaits”. Pour lui, cela veut dire que “quand vous regroupez des gens à la force des choses, par la force de la loi ça ne donne pas comme s’ils se sont réunis eux-mêmes par volonté personnelle et par une conscience allumée du désir de se mettre ensemble et d’avancer”.
L’électorat béninois cadenassé
Interrogé sur la question de l’électorat par l’animatrice de l’émission, Tatiana AHANDA JEMEA, le Père Eric Aguénounon a laissé entendre que “ l’électoral béninois est tout simplement instrumentalisé”. Car affirme -t-il, “si vous mettez des taux comme verrou ça veut dire qu’à la source vous obligez des gens de telle région ou telle région, s’ils veulent que leur voix soit prise en compte, vous estimez que ces populations doivent plutôt voter pour celui qui appartient aux grands partis. Par contre, s’il vote massivement pour quelqu’un d’un petit parti leur voix ne portera pas”. Pour le philosophe politique, “ ce que nous faisons n’est pas démocratique, c’est du juridisme” et que “c’est un système politique qu’on met en place pour servir des intérêts. Au plan démocratique, cela n’existe nul part “.