Incarcéré depuis le 10 juin 2025 pour offense au Chef de l’État, Moustapha Diakhaté, ancien ministre-conseiller et Directeur de cabinet de l’ex-président Macky Sall, attend son verdict prévu le 2 juillet 2025. Il est poursuivi pour des propos jugés irrespectueux tenus lors d’une émission télévisée, où il a qualifié plusieurs autorités, dont le Président de la République, de « gougnafiers ». Lors de l’audience, le procureur a requis une peine de six mois de prison, dont trois mois ferme, assortie d’une amende de 200 000 francs CFA. L’ancien parlementaire a comparu ce mercredi 18 juin 2025, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar.
La défense, assurée par les avocats El Hadji Amadou Sall, El Hadji Diouf, Oumar Youm et Antoine Mbengue, a vigoureusement plaidé la liberté d’expression et la nature politique des propos tenus par leur client. « On n’est pas dans la normalisation de la liberté d’expression. On ne peut retirer le droit à la critique à un opposant. Qu’on nous emprisonne 1000 ans, on va toujours critiquer pour qu’on revienne à l’orthodoxie. Le parquet n’a pas donné des significations de gougnafier, mais des synonymes. Ce que notre client a dit manque de révérence, mais ce n’est pas une offense au Chef de l’État », ont déclaré les avocats. Ils ont également tenu à rappeler que « gougnafier peut avoir plusieurs significations », et que Diakhaté a bien fait de rappeler que la République n’est pas de la rigolade ».
Après la lecture des réquisitions du Procureur de la République, le prévenu a expliqué qu’il n’a fait que chanter l’hymne de la République, « pour qu’on ne la colassardisse pas. Un gougnafier, c’est quelqu’un qui ignore ce qu’il fait. Un président de la République peut se tromper. Il faut donner du respect au Président de la République. J’avais honte devant les policiers. Je ne pensais pas qu’on allait me poursuivre pour cela. » Moustapha Diakhaté a ensuite refusé de répondre aux questions du parquet, lequel a rappelé que gougnafier signifie : bon à rien, rustre, goujat. L’audience se poursuit avec les plaidoiries de la défense. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré jusqu’au 2 juillet prochain, date à laquelle sera rendue la décision judiciaire.