Le chef de la junte guinéenne a déposé lundi 3 novembre 2025, à la Cour suprême de Conakry son dossier à la veille de la clôture des candidatures. L’opposition dénonce une trahison de ses engagements et appelle à la mobilisation.
C’est sous haute sécurité et vêtu d’un boubou blanc que le général Mamadi Doumbouya s’est rendu à la Cour suprême de Conakry pour déposer sa candidature à la présidentielle du 28 décembre prochain. L’ancien putschiste de septembre 2021 confirme ainsi sa volonté de briguer la magistrature suprême, lui qui avait pourtant promis de rendre le pouvoir aux civils.
Depuis plusieurs semaines, ministres, hauts gradés et groupes de femmes multipliaient les appels à sa candidature. Certains partisans ont même affirmé avoir mobilisé les 900 millions de francs guinéens requis pour la caution. Selon l’analyste politique Kabinet Fofana, cette annonce n’a rien de surprenant : « La nouvelle Constitution le lui permettait, et les soutiens populaires n’ont cessé de l’y pousser », estime-t-il.
Mais la compétition s’annonce déséquilibrée. Les principales figures de l’opposition, Cellou Dalein Diallo (UFDG) et Sidya Touré (UFR), sont toujours en exil, exclues du processus électoral. Il reste quelques candidats comme Lansana Kouyaté (PEDN), Ousmane Kaba (PADES) ou Makalé Camara, présidente du Front pour l’alliance nationale, qui espère séduire l’électorat. « Si les Guinéens veulent une femme à la tête du pays, je vais bien l’essayer », affirme-t-elle.
Les indépendants, eux, dénoncent les obstacles liés au parrainage, exigeant le soutien de 30 % des maires alors que la majorité des communes sont dirigées par des délégations nommées par la junte. Une condition qui limite fortement toute candidature jugée fantaisiste.
Les forces vives de Guinée, regroupant partis et société civile, appellent la population à rejeter la candidature du général Doumbouya, accusé de « parjure » et de « trahison ». Selon elles, « l’homme qui se disait restaurateur de la démocratie en devient aujourd’hui le fossoyeur ».
Ezéchiel Dagbégnon PADONOU