Le Conseil exécutif de l’Unesco a désigné lundi 6 octobre 2025 l’Égyptien Khaled el-Enany pour devenir son directeur général pour les quatre prochaines années, a annoncé sa présidente Vera El Khoury Lacoeuilhe. Le candidat égyptien a recueilli 55 voix contre 2 pour le Congolais Firmin Edouard Matoko, a-t-elle détaillé. Ce vote doit désormais être entériné le 6 novembre 2025 lors de la réunion de la Conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture à Samarcande (Ouzbékistan). Jamais la Conférence n’est allée à l’encontre d’un choix du Conseil exécutif.
Ce parfait francophone, diplômé d’égyptologie à l’université de Montpellier, deviendra alors le premier directeur général de l’Unesco originaire d’un pays arabe, et le deuxième Africain après le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow (1974-1987). « Je souhaite le meilleur au Dr el-Enany pour accomplir sa noble mission », a réagi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi dans un communiqué. . el-Enany prendra officiellement ses fonctions le 14 novembre, succédant à la Française Audrey Azoulay, en poste depuis 2017. Devant le Conseil exécutif, il a promis lundi de travailler « main dans la main avec tous les états membres pour bâtir ensemble une feuille de route pour moderniser l’Unesco et la projeter vers l’avenir ».
Défi financier
Il prend les rênes d’une organisation traversée par une profonde remise en question, accusée ces derniers mois d’être politisée. Après Israël en 2017, elle a enregistré cette année le départ du Nicaragua, annoncé en mai après l’attribution d’un prix à un journal d’opposition, et surtout des Etats-Unis, officialisé en juillet par l’administration Trump qui l’accuse de parti pris anti-israélien, de promouvoir « des causes sociales et culturelles clivantes » et de défendre « une feuille de route idéologique et mondialiste ». Ce départ ampute ses finances – Washington fournit 8% de son budget total – mais aussi son prestige.
Khaled el-Enany a promis de s’employer à faire revenir les Etats-Unis, ce qu’avait réussi à faire Audrey Azoulay en 2023, six ans après que Donald Trump eut décidé une première fois de retirer son pays. « Je veux essayer de dépolitiser le débat au sein de l’Unesco. Un enfant privé d’éducation, je ne veux pas savoir sa nationalité », expliquait-il récemment à l’AFP. « Je ne viens pas avec un agenda, je ne viens pas comme porte-parole du monde arabe, ni du continent africain ».
Devant la presse, il avait également évoqué le rôle « énorme » que pourrait jouer l’Unesco dans les zones de conflit, « aussi bien à Gaza qu’en Ukraine ou à Haïti », évoquant « la destruction du système scolaire », « des journalistes tués comme jamais vu dans le monde », « les sites culturels qui disparaissent »…« Mais pour être efficace, c’est de l’argent, c’est des budgets », rappelait-il. Il entend aussi développer l’assise financière de l’Unesco en attirant plus de contributions volontaires de gouvernements ou en faisant appel aux ressources du secteur privé (fondations, mécènes, entreprises etc…). Ces dernières « représentaient 8% (du budget) en 2024, il y a de la marge pour les augmenter« , explique-t-il