Après plus de huit heures d’audience, le tribunal de grande instance de Lomé a rendu son verdict vendredi 4 juillet 2025, dans le cadre du procès de 31 manifestants interpellés lors des mobilisations qui ont secoué le Togo les 26,27 et 28 juin derniers. Une journée marquée par des plaidoiries tendues, des récits d’interpellations musclées, et un verdict qui confirme les tensions persistantes entre pouvoir judiciaire et société civile.
Au terme des débats, 11 prévenus ont été relaxés pour insuffisance de preuves. Un mineur poursuivi dans le même dossier a, lui aussi, bénéficié d’une libération immédiate, au bénéfice du doute.
En revanche, 19 autres manifestants ont été reconnus coupables de trouble aggravé à l’ordre public, une infraction souvent invoquée par les autorités togolaises dans les dossiers de contestation politique ou sociale. Le tribunal les a condamnés à 12 mois de prison, dont 11 mois assortis de sursis, soit un mois ferme à purger immédiatement.
Me Paul Dodzi Apévon, doyen du collectif des avocats des prévenus, a fustigé tout d’abord des interpellations où les manifestants ont été poursuivis jusqu’à leurs domiciles : « Nous avons compris que les agents de sécurité ont reçu l’ordre d’arrêter des gens. Et la question que nous avons posée lorsqu’une manifestation n’est pas légale, les forces de sécurité qui viennent, c’est juste pour disperser. Mais de quel droit, peuvent-ils poursuivre les manifestants jusqu’à leur domicile, pour aller les arrêter, pour aller jeter des gaz lacrymogènes, même dans les maisons ? Donc, nous avons eu ce débat-là avec le parquet. »
Pour Me Paul Dodzi Apévon, « Si on doit appliquer correctement la loi pénale, qui est d’application stricte, on doit démontrer que tu as participé. Ce que nous déplorons aujourd’hui dans notre juridiction ici, c’est que la police arrête quelqu’un, on l’amène ici et on lui demande de prouver son innocence. Ce n’est pas cela la loi pénale. La loi pénale, c’est celui qui poursuit doit apporter la preuve que tu es réellement coupable. Ce qui n’est pas le cas ici. C’est vrai que ce que nous avons défendu, nous ferons que la plupart un mois en prison. Mais la décision n’est pas juste pénalement parlant, elle n’est pas juste ». Le ministre de l’Administration territoriale, au cours d’une rencontre avec le corps diplomatique, a fait savoir qu’il s’agissait d’événements répondant à des appels à troubler l’ordre public et donc hors du cadre légal.