En mai 2026, le président Patrice Talon aura fini son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Au terme des élections générales en perspectives, le chantre de la rupture devra transmettre le témoin et céder le fauteuil présidentiel à son successeur, mais de plus en plus, le doute pèse sur ce processus déjà entaché de mille irrégularités. Plusieurs décisions sont prises et des pas sont posés par le régime de la rupture renforçant les soupçons d’un troisième mandat que lorgnerait le chef de l’État béninois le président Patrice Talon.
En effet, avant et plus encore, à partir de 2023 où le parti Les Démocrates compte ses députés parmi les 109 de l’Assemblé Nationale 9ème législature, l’opposition met la pression sur le gouvernement non seulement pour rétablir l’ordre démocratique instauré depuis 1990, mais aussi et surtout changer la manière de gouverner pour améliorer les conditions de vie et de travail des béninois. Seulement, aucun bruit, aucune doléance, aucune supplication et encore moins aucune négociation n’émeut la fibre patriotique des dirigeants béninois qui se réfugient derrière les réformes pour dérouler leurs agendas bien différents de ceux qu’auraient voulu le peuple béninois. De plus en plus, les béninois se convainquent donc malheureusement que le président Patrice Talon ne veut pas laisser le pouvoir à la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, en 2026. Il n’est pas rare d’entendre des citoyens demander ; « êtes-vous sûr que ce monsieur veut partir en 2026 ? » Comme réponse, tout béninois démocrate et patriote dira que, constitutionnellement c’est une obligation pour le président. Mais au regard des actes qu’il pose au quotidien, les béninois n’ont pas tort de s’interroger.
Selon le président Patrice Talon, un président peut être réélu quelque soit son bilan pourvu qu’il parvienne à soumettre les grands électeurs. Ce qu’il a réussi à faire depuis 2016. L’un de ses bras droits, le président Joseph Djogbénou a promis une gouvernance par la ruse et la rage et cette promesse a été très bien tenue quand on voit depuis 2026, le nombre de détenus et d’exilés politiques sans oublier la kyrielle de lois votées pour soumettre tous les béninois et favoriser la mise en œuvre du projet d’action de la rupture. De toute façon, le président Talon avait déjà fait savoir au béninois que dans tout ce qu’il fait, il pense d’abord et avant tout à lui-même. N’est-ce pas cette philosophie qui le pousse à hypothétiquement envisager un troisième mandat ?
Par la réforme du système partisan, le régime de Patrice Talon a saccagé le multipartisme intégral prôné par la constitution béninoise laissant la portion congrue à l’opposition. Et pour mieux contrôler la situation, toutes les structures chargées d’organiser les élections générales de 2026 sont dépourvues de représentants de l’opposition qui crie au scandale. Tous les postes au niveau du bureau de l’Assemblée nationale ainsi que des commissions techniques sont occupés par la mouvance. Le fichier électoral qui est une pièce maitresse dans l’organisation d’élections transparentes, équitables, libres et paisibles, a été réalisé sans un seul œil de l’opposition dont l’audit préoccupe sérieusement depuis quelques mois. La mouvance s’oppose à ce projet mais, réunie au sein du cadre de concertation, l’opposition poursuit les consultations pour amener à un audit du fichier décrié au regard des irrégularités relevées aux législatives de 2023. Mais que cache-t-on dans le fichier pour que son audit fasse autant peur à la mouvance présidentielle ? s’interroge Eugène Azatassou, coordonnateur du cadre de concertation de l’opposition. En mars 2024, la mouvance parlementaire a voté un code électoral validé par la Cour Constitutionnelle et promulgué par le président de la République en espace de 10 jours. Un code exclusif et porteur de plusieurs germes de crises que l’ensemble des forces vives de la nation à savoir, les partis politiques, les confessions religieuses, la conférence épiscopale, les centrales et confédérations syndicales, les organisations non gouvernementales, les anciens présidents de la Cour constitutionnelle et bien d’autres grandes voix, ont maintes fois dénoncé sans inquiéter le gouvernement et encore moins le président Talon. Tous appellent à la relecture du code, mais le président de la République et ses partisans ne démordent pas malgré le risque surtout d’impasse en 2026 que cela comporte.
En dépit des interpellations, dénonciations, critiques et appels à la décrispation de la tension politique, la rupture maintient son scénario dit « Wahala » promu et entretenu depuis 2016, fait la sourde oreille et avance dans sa stratégie dont le dernier pion déplacé est la nomination des Chefs de villages et des Quartiers de villes en lieu et place d’élections démocratiques. Des actes qui semblent corroborer les soupçons d’un probable troisième mandat jamais envisagé et jamais connu au Bénin depuis le renouveau démocratique.
« Est-ce qu’il va partir ? La réponse que j’ai habitude de donner est qu’il ne veut peut-être pas partir mais assurément, certainement, inéluctablement, indéniablement, il va partir », a déclaré le premier vice président du parti Les Démocrates, l’honorable Éric Houndété le dimanche 10 Novembre 2024 à Bénin Royal Hôtel à l’occasion de la création du cadre de concertation de l’opposition. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle, dit-on. L’opposition se mobilise et occupe le terrain tirant partout, à tout moment et sans ménagement à boulet rouge sur le régime qui s’organise à sa manière pour « réussir son coup ». « Pour qu’il parte, ça ne doit pas être qu’une simple affaire de slogan. Ça doit être les actions concrètes que nous menons pour le faire partir dans le calme, dans la paix…», fait savoir le président Eric Houndété.
Au Bénin aujourd’hui, les populations soient-elles de la mouvance ou de l’opposition ne croient plus à leur président qui s’est déjà dédit plus d’une fois depuis 2016. Le peuple est pessimiste sur le départ du président Patrice Talon en 2026, mais faisant confiance aux dispositions de la constitution béninoise, l’opposition rassure et travaille sans relâche pour faciliter l’alternance en 2026.