(Justice demandée pour Théophile Djaho, Martin Hounga et consorts )
L’émission Grand Angle de ce dimanche 10 Novembre a reçu le Général Louis-Philippe Houndégnon, ancien Directeur général de la Police Nationale. Sans langue de bois, il a répondu aux questions des journalistes Vital Panou, Joseph Perzo Anago et Virgile Ahouansè sur le rôle du maintien de l’ordre et ses contraintes. Son intervention a mis une lumière sur la fonction policière depuis l’avènement de Patrice Talon et les bavures y afférentes.
« On avait une culture de maintien de l’ordre avant l’arrivée de Patrice Talon. Je veux qu’on restaure cette culture ». Telle est la lecture du Général Louis-Philippe Houndégnon sur la fonction policière depuis 2016 à ce jour au regard des lots de décès et des tueries qui s’observent au Bénin. Étant l’invité de l’émission Grand Angle de ce dimanche, l’ancien Directeur général de la Police Nationale n’a pas manqué de situer les responsabilités en ce qui concerne le maintien de l’ordre. Pour lui, c’est un rôle concentré sur l’État à travers la police. « Le maintien de l’ordre est l’ensemble des actes que l’État met en œuvre pour la sécurité des citoyens. Quand il y a des situations de crises ou des émeutes, nous sommes là pour éviter des dérives de part et d’autre. Parfois en cas d’exception la police peut recourir à la violence. Et s’il y a une quelconque manifestation, le préfet ou le maire a l’obligation de sortir « , a expliqué le général.
Mais parfois, cette violence engendre des cas de décès dans le rang des citoyens. Ce qui ne devrait pas être le cas si aucune autorisation n’a été donnée au préalable selon lui. « Le rôle de la police est de maintenir l’ordre. Et l’article 63 de la constitution a déjà tracé les principes de maintien de l’ordre. Dans le maintien de l’ordre, il y a une gradation. Cest pas le rôle aux militaires de maintenir l’ordre, c’est le rôle de la police. Et quand il y a violence de la part des policiers, ça veut dire qu’ils ont reçu l’ordre. En 2019 par exemple, qui a signé la réquisition aux forces armées de tirer ? S’il n’y a pas de réquisition, ça veut dire que les militaires qui ont tiré sont responsables. Il faut qu’ils nous éclairent s’il y a eu de réquisition ou pas », a fait savoir l’ancien directeur de la police nationale.
Toujours dans le même sillage, les cas de l’étudiant Djaho abattu à l’Université d’Abomey-Calavi et celui du policier Martin Hounga tué à Hêvié ont été évoqués. Ces bavures policières qui sont restées impunies jusque là ne devrait pas être le cas selon Louis-Philippe Houndégnon. « La police a été surpris en train de tirer sur des citoyens béninois. Juridiquement parlant, celui qui a tiré sur l’étudiant doit répondre. Dans les établissements scolaires, il y à la franchise et c’est le responsable qui doit ordonner l’usage de la force. Moi quand je faisais des descentes à l’UAC, j’ai toujours eu des réquisitions qui d’ailleurs n’ont jamais été permanente, elles sont temporaire. Il faut que les avocats et magistrats demandent aux policiers les réquisitions qu’ils ont eu pour aller tirer sur certains lieux puisque l’armée ne peut être déployée que sur réquisition », fait-il savoir.
Par ailleurs, il estime que les citoyens doivent se sentir libre de faire une manifestation. « Si aujourd’hui, les citoyens doivent avoir nécessairement l’autorisation du préfet avant de faire une manifestation, c’est que nous sommes dans un régime dictatorial. On avait une culture de maintien de l’ordre avant l’arrivée de Patrice Talon. Je veux qu’on restaure cette culture. Il faut vraiment revenir à la norme démocratique. Et je me battrai pour que la démocratie soit restaurée au Bénin », a laissé entendre Louis-Philippe Houndégnon.
Il a, pour finir, annoncé une fête de la démocratie le 11 décembre prochain.
Gildas AHOGNI