Dans ce 3è article, le politologue Mathias Hounkpè mène une réflexion sur la limitation des mandats et le défi de l’alternance comme un principe de renforcement de la démocratie. Il postule par exemple que : « la limitation du nombre de mandats présidentiels peut contribuer à inciter les gouvernants à la modération dans l’utilisation de la force et le recours à l’arbitraire » sans oublier, dit-il, qu’elle peut aussi être déterminant dans l’assainissement de la gouvernance économique de ces Etats. Lisons.
La question de la limitation des mandats
Au regard de l’évolution de la situation politique dans les pays de la sous-région (voire au-delà, en Afrique), le débat sur la limitation des mandats présidentiels risque de continuer encore pour quelques temps dans les démocraties africaines. Voilà pourquoi nous devons également continuer les réflexions, dans l’espoir de contribuer à faire avancer les idées et les positions sur la question. J’avais déjà écrit plusieurs papiers sur l’importance et l’utilité de la limitation des mandats, surtout pour les démocraties en cours de consolidation comme celles de l’Afrique de l’Ouest. Je disais, par exemple, que la limitation du nombre de mandats présidentiels peut contribuer à inciter les gouvernants à la modération dans l’utilisation de la force et le recours à l’arbitraire. Par exemple, observons des pays où le débat sur le 3e mandat n’existe quasiment plus, i.e. où les présidents de la république ne sont pas obligés d’être, en permanence, en train de se justifier sur leur intention de briguer un troisième, un quatrième ou un nième mandat : je pense, par exemple, au Nigéria, au Ghana, au Cap-Vert. Dans ces pays, il est rare de voir des opposants, des journalistes ou des leaders d’opinion tels que des leaders de la société civile en exil, en prison ou pourchassés par la justice etc. Je disais aussi qu’il est possible que la limitation du nombre de mandats présidentiels contribue à réduire la mauvaise gestion et la mauvaise utilisation des ressources de l’Etat. Par exemple, savoir de façon certaine que d’autres prendront la place, après soi, à la tête de l’Etat devrait inciter à faire attention dans les actes que l’on pose lorsqu’on est au pouvoir. En plus, quand on sait que le pouvoir corrompt et que le pouvoir augmente avec le temps, limiter le nombre de mandats constitue une sorte de mécanisme de contrôle du niveau de corruption dans le système politique. Je ne voudrais pas revenir en détails sur les arguments en faveur de la limitation des mandats dont certains ont été évoqués ci-dessus. La suite de mes publications, cette fois-ci, portera essentiellement sur ce que nous enseigne l’histoire, notamment en ce qui concerne certaines des idées qui circulent sur la question de la limitation des mandats dans les nouvelles démocraties en Afrique.
A suivre !
Mathias Hounkpe