Les 3 prisons civiles et 8 maisons d’arrêt du Bénin sont pleines à craquer. Les lieux de rétention ne suffisent plus pour contenir les prisonniers. Selon un rapport publié par Amnesty International et selon les révélations du Directeur général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin (APB), il y a près de 20 000 personnes dans les prisons au Bénin. La population carcérale a triplé en moins de 7 ans, passant de 7000 détenues en 2016 à 20 000 en 2023.
Dans une récente interview publiée sur les réseaux sociaux, le lieutenant Euloge Alley, régisseur de la prison civile de Cotonou, déclarait : « la nuit les prisonniers faute de place, dorment une à deux heures à tour de rôle, ce changement se perpétue, jusqu’à l’aube ». Cette déclaration renforce, le rapport d’Amnesty International publié le 1er aout 2024 et les précisions apportées par le Directeur général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin (APB). Dans le rapport alarmant, publié par Amnesty International, les détenues vivent dans des conditions inhumaines, entassées l’un sur l’autre comme au temps de l’esclavage. Plus de la moitié des prisonniers environ 55 % sont en attente de jugement, selon les autorités pénitentiaires. Toujours dans le même rapport, une infirmière de la prison d’Abomey-Calavi a déclaré : « Vous êtes infirmière et on vous place le sort de 2 000 personnes entre les mains. Ce n’est pas normal. » Dans ces conditions, beaucoup de détenues sont mortes, on dénombre, par exemple, 46 décès, dans quatre prisons entre janvier et juillet 2023. Dans les déclarations recueillies par Amnesty International, des soins seraient refusés à des pensionnaires. À la fin de son enquête, la directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale a invité les autorités béninoises à prendre des mesures pour éviter que les prisons du pays ne deviennent des mouroirs. Même si les autorités pénitentiaires du pays n’ont pas contredit le rapport de l’ONG, le gouvernement béninois pour le moment reste muet sur le problème. Face à cette situation alarmante, le gouvernement béninois n’a jusque-là pris aucune mesure pour ne serait-ce désengorger les prisons. Le décret sur le travail d’intérêt général du 31 janvier 2024, signé par le président Patrice Talon, n’est toujours pas appliqué. Le plus grand souci des adeptes de la rupture est d’afficher les réalisations du président Talon durant son mandat comme pour faire des appels de pieds pour un troisième mandat. Pourtant, cette situation discrédite le Bénin au plan international et qui pourrait, si rien n’est fait, devenir une bombe à retardement qui risque de se retourner contre le pouvoir.