« Ce projet est porteur d’instabilité institutionnelle et d’insécurité juridique en même temps qu’il va contribuer à décourager davantage l’investissement direct étranger dans notre pays », prévient le président du mouvement politique NOUS LE FERONS, Daniel EDAH dans sa lettre ouverte au président Patrice Talon, publié ce samedi 1er Novembre 2025, au sujet du projet de la révision de la Constitution béninoise. Après la lettre ouverte, Daniel EDAH a également lancé un appel à l’endroit des députés démissionnaires, ce dimanche 2 Novembre 2025. Candidat à la candidature pour le duo du parti Les Démocrates à la présidentielle de 2026, Daniel EDAH voit à travers le projet de révision constitutionnelle une manière de signer l’arrêt de mort du pluralisme politique et de la démocratie adoptés par le peuple béninois au soir de la conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. Il exhorte solennellement le président Patrice Talon à renoncer à cette entreprise à moins que cette révision constitutionnelle ait pour objectif de mettre fin au serrage de ceinture imposé au peuple depuis 2016.
Daniel EDAH lance un appel patriotique aux députés démissionnaires à qui il demande de se démarquer clairement de toute tentative de révision constitutionnelle à ce stade de la vie politique nationale. En répondant favorablement à cet appel, ces députés, selon le président EDAH, démontreront au peuple béninois qu’ils n’avaient jamais trahi sa confiance, et que, malgré leur désaccord avec la direction du parti, ils demeurent fidèles à la cause de la démocratie et de la liberté.
Comlan Paul ODAH
Lettre ouverte à Monsieur Patrice TALON, Président de la République du Bénin.
Monsieur le Président de la République,
Dans la foulée de la fragilisation réussie mais peu honorable du principal parti d’opposition Les Démocrates, fragilisation marquée par la démission de certains de ses députés – ce qui entraîne de facto la disparition de la minorité de blocage qui avait contrecarré votre précédente tentative de révision constitutionnelle – un nouveau projet de révision de la Constitution vient d’être introduit à l’Assemblée nationale. Le terrain semble désormais favorable à son adoption, et ce, à moins de trois mois de la fin de la législature et à moins de six mois de l’élection présidentielle.
Monsieur le Président de la République,
Cette initiative, manifestement politicienne et opportuniste, apparaît inopportune. Elle intervient en pleine période électorale, alors que les préoccupations du peuple sont tournées vers les prochaines élections communales, municipales, législatives et présidentielles.
Bien qu’elle soit formellement portée par des députés, nul n’est dupe : le peuple, comme vous-même, sait que ce projet de révision constitutionnelle est avant tout le vôtre. Vos députés ne se seraient pas engagés dans une telle démarche sans votre aval, vous qui êtes leur patron politique.
Je serais heureux, Monsieur le Président de la République, ainsi que la majorité de nos compatriotes, que vous puissiez nous prouver le contraire – que vous n’êtes pas à l’origine de cette initiative qui, si elle aboutit, créerait des avantages à vie pour ceux à qui le pays a déjà tout donné, et offrirait un refuge politique à ceux que le peuple aurait rejetés. Non seulement ce projet trahit votre peur de perdre la main avec le prochain Président de la République mais il a manifestement pour desseins inavouables de museler le peuple et d’installer un système de monolithisme politique rappelant tristement celui du Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB), auquel le peuple béninois a tourné le dos en choisissant la démocratie pluraliste. Par ailleurs, ce projet est porteur d’instabilité institutionnelle et d’insécurité juridique en même temps qu’il va contribuer à décourager davantage l’investissement direct étranger dans notre pays.
Monsieur le Président de la République,
Nous savons que votre régime tolère peu la contradiction véritable. Vous disposez du monopole de la violence d’État, que vous pouvez légalement employer pour réduire au silence les voix discordantes. Pourtant, je vous exhorte solennellement à renoncer à cette entreprise – à moins que cette révision constitutionnelle ait pour objectif de mettre fin au serrage de ceinture imposé au peuple depuis 2016.
Même si vous disposez du nombre de députés nécessaire pour mener ce projet à terme, la mandature actuelle, à quelques semaines de son terme, n’a plus la légitimité morale pour engager une telle réforme. Et vous-même, sauf à vouloir empoisonner le mandat de votre successeur ou rendre le pays ingouvernable à quiconque refuserait de vous obéir, n’êtes plus fondé à initier une révision constitutionnelle qui pourrait vous garantir une place durable dans les institutions de la République.
Monsieur le Président de la République,
À moins de vouloir embarquer tout le pays dans une aventure périlleuse, vous savez qu’il n’existe aujourd’hui ni la sérénité, ni le climat politique propice à l’examen serein d’un tel projet comportant assez de menaces pour l’unité nationale, ni au sein du pays, ni au sein de l’Assemblée nationale à la veille d’échéances électorales majeures.
Quelles que soient les innovations ou les intentions que recèle ce projet, vous ne pouvez faire le bonheur du peuple sans son consentement.
Si cette révision vous paraît indispensable et ne peut attendre la fin des prochaines élections, alors permettez au peuple souverain de se prononcer par référendum. Ce serait là une marque d’élégance politique et un geste de respect envers un peuple qui, en 2016, vous a choisi pour rompre avec la « dictature du développement » de l’ancien Président.
Beaucoup de Béninois sont désormais convaincus que l’élection présidentielle de 2016 fut la dernière véritable élection démocratique de notre pays. Vous pouvez, comme en 2019, user de tous les pouvoirs et des moyens de l’État pour ignorer cet appel à la sagesse et à la responsabilité. Mais pour l’histoire, je vous invite à faire un usage mesuré de votre autorité et à différer ce projet de révision constitutionnelle que vous souhaitez manifestement soit adopté à la hâte.
Déjà, le dispositif policier et militaire déployé sur toute l’étendue du territoire témoigne d’une volonté de dissuasion, voire de répression. Vous savez pourtant, Monsieur le Président, qu’aucune violence d’État ne peut arrêter un peuple exaspéré, acculé et déterminé.
Dans l’intérêt supérieur du Bénin – que je sais que vous aimez – je vous exhorte à ne pas vous enfermer avec vos députés dans une logique d’imposition, mais à ouvrir le dialogue et à respecter la volonté populaire.
Guidé par la vision d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor, je prends à témoin le peuple béninois et la communauté internationale, et vous prie de recevoir, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération, ainsi que de ma détermination patriotique à vous accompagner dans toute décision qui servirait véritablement la paix, la démocratie et le développement de notre pays.
Fait le 01 novembre 2025
Daniel Edah
Porteur de la Vision d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor
Appel patriotique aux Honorables Députés :
– Sodjinou François
– Adjovi Chantal
– Godonou Joël
– Do Rego Léansou
– Hounmenou Denise Mahougnon
– Nahum Constant
Honorables Députés,
Je m’adresse à vous, non pas en ma qualité de militant du parti Les Démocrates, mais en tant que citoyen animé par une vision patriotique et soucieux de l’avenir de notre pays.
Dans un État de droit, la démission est un droit légitime que tout membre d’une organisation peut exercer lorsque toutes les voies de recours ou de conciliation sont épuisées. L’idéal, bien sûr, est de ne pas avoir à y recourir.
J’ai suivi avec attention vos différentes déclarations depuis votre démission du parti Les Démocrates. Cependant, force est de constater que le moment choisi pour votre départ suscite des interrogations et entretient la confusion au sein de l’opinion publique. Il n’est donc pas surprenant que nombre de nos compatriotes y voient un possible arrangement avec le pouvoir, d’autant plus que cette démission a été suivie, presque immédiatement, par le dépôt à l’Assemblée nationale d’un nouveau projet de révision constitutionnelle, similaire à celui que vous aviez contribué à faire échouer par le passé.
Je comprends la déception populaire qui a accompagné votre départ – elle traduit l’attachement du peuple à votre parcours et l’espoir qu’il plaçait en vous.
Pour ma part, je reste convaincu que vous n’avez pas tourné le dos au peuple, même si vous avez choisi de vous désolidariser du parti. Vous ne méritez donc pas d’être livrés à la vindicte populaire.
Croyez-moi, Honorables Députés, aucun différend n’est insurmontable entre des patriotes sincères, animés par la volonté de restaurer la démocratie, de préserver les libertés et de bâtir un développement qui dépasse la simple construction d’ouvrages visibles.
J’exprime ici le souhait – et l’espoir – de pouvoir échanger avec chacun d’entre vous, individuellement, dans un esprit de dialogue et de responsabilité, dans l’intérêt supérieur de notre pays, au-delà de tout parti et de toute personne.
En attendant, l’urgence pour la survie de notre démocratie pluraliste est que vous rassuriez nos concitoyens : que les dysfonctionnements que vous avez dénoncés au sein du parti Les Démocrates ne vous conduiront pas à vous associer aux députés de la mouvance présidentielle pour un passage en force du projet de révision constitutionnelle. Une telle démarche irait à l’encontre des valeurs démocratiques que vous avez toujours défendues.
En conséquence, et pour l’histoire, je vous lance cet appel patriotique à vous démarquer clairement de toute tentative de révision constitutionnelle à ce stade de la vie politique nationale.
En répondant favorablement à cet appel, vous démontrerez au peuple béninois que vous n’avez jamais trahi sa confiance, et que, malgré votre désaccord avec la direction de votre parti, vous demeurez fidèles à la cause de la démocratie et de la liberté.
Soyez assurés qu’en agissant ainsi, le peuple comprendra mieux les motivations profondes de vos démissions et vous accordera une écoute renouvelée.
Comptant sur votre sens élevé du devoir, votre attachement à la République et votre engagement pour la démocratie, je vous remercie d’avance pour les sacrifices que vous consentirez afin d’éviter à notre pays une révision constitutionnelle qui ouvrirait la voie au retour du monolithisme politique et de l’autoritarisme.
Fait le 2 novembre 2025
Daniel Edah
Porteur de la Vision d’un Bénin économiquement prospère et socialement stable dans une Afrique bien intégrée et en plein essor