Les élections générales du 29 octobre 2025 ont tourné à d’émeutes violentes en Tanzanie. Des affrontements ont éclaté dans plusieurs villes, faisant des dizaines de morts et de blessés, selon des ONG locales et internationales, tandis que l’opposition dénonce un scrutin verrouillé.
Le jour du vote, des manifestations violentes ont éclaté à Dar es Salaam, Arusha et Mwanza. Selon Amnesty International, au moins 38 personnes ont été tuées et plus de 120 blessées, tandis qu’une centaine d’autres ont été arrêtées. Le scrutin, marqué par l’exclusion de fait des principaux partis d’opposition — CHADEMA et ACT-Wazalendo —, s’est déroulé dans un climat d’intimidation. Les organisations de défense des droits humains dénoncent une « répression systématique » orchestrée par le pouvoir pour étouffer toute contestation.
À Dar es Salaam, la police et l’armée ont été déployées après l’incendie d’au moins 12 stations-service, 3 commissariats et 25 bus, selon le Bureau tanzanien des droits civiques (TCHR). Un couvre-feu a été instauré dans le pays. Aussi , une coupure totale d’internet a été confirmé par le réseau de surveillance NetBlocks, affectant les communications dans tout le pays. Les autorités justifient ces mesures par des « troubles graves à l’ordre public », mais les ONG y voient une volonté d’empêcher la diffusion d’images des violences et d’éventuelles fraudes électorales.
La présidente sortante Samia Suluhu Hassan, du parti Chama Cha Mapinduzi (CCM), est annoncée gagnante avec plus de 88 % des voix, selon les premières estimations officielles. Mais ce score, obtenu dans un contexte d’exclusion politique et de violences, fait douter de la crédibilité du processus. Pour Human Rights Watch, « la Tanzanie risque de basculer dans une ère d’autoritarisme électoral », si aucune enquête indépendante n’est menée sur les violences du scrutin.
Ezéchiel Dagbégnon PADONOU