La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) célèbre ce mercredi 28 mai 2025 ses 50 ans d’existence. C’est dans ce cadre que le Professeur Théodore Holo a été reçu ce mercredi dans l’émission « Bonjour Le Bénin » de Radio Bénin. Dans ses propos, l’ancien ministre des Affaires étrangères a déclaré que le 28 mai 1975, naissait à Lagos, la CEDEAO au service de l’intégration sous régionale, de la libre circulation des personnes et des biens et des capitaux mais aussi de la paix, de la démocratie et du développement. Le spécialiste des relations internationales a rappelé que la CEDEAO n’avait pas été créée en réalité pour la démocratie. Mais l’idée de cette institution est née en 1972 entre Yacoubou Gohon, président du Nigéria et Etienne Eyadéma Gnassingbé, président du Togo .Les deux n’étaient pas les symboles de la démocratie. Il a précisé qu’au moment de l’indépendance des pays francophones, il y avait eu tentative de création d’une Fédération. Selon lui, la Fédération du Mali comprenait le Sénégal ; le Soudan Français (le Mali d’aujourd’hui) ; la Haute Vola (Burkina Faso), le Dahomey (Bénin) et le Niger. Il a souligné que « Gohon et Eyadéma ont eu cette idée de regroupement, essentiellement pour assurer le développement économique, la libre circulation et avoir un marché commun ».
Quittant son rôle qui lui a été dévolu dès sa création, la révision du traité de la CEDEAO a permis d’amorcer la dimension politique à partir des années 1990..C’était une union économique, un marché commun sans se préoccuper de la qualité de la gouvernance à l’intérieur des pays membres. « Pour qu’il y ait la paix, la non-agression, la CEDEAO a mis en place des mécanismes de bonne gouvernance et des élections. La démocratie participe à la bonne gouvernance et à l’Etat de droit. On ne peut pas dire qu’il aura un marché commun, une politique commune si il n’y a pas de convergence du point de vue de la vision politique », a-t-il indiqué.
L’ancien président de la Cour constitutionnelle a expliqué qu’’en tant que structure économique, la CEDEAO s’intéresse à la politique et a adopté un certain nombre de protocoles entre autres les mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits, les principes sur la bonne gouvernance et le caractère inclusif des élections. Pour lui, « le pouvoir ne peut plus être au bout de fusil mais doit être conquis par les urnes ». La plupart des réussites à la CEDEAO sont dues à certaines choses, Il croit qu’il y a eu à un moment donné un leadership au niveau de cette organisation sous régionale qui a permis que des solutions fermes soient trouvées pour le retour à l’ordre constitutionnel sans nécessairement faire recours à la force, en essayant d’accompagner le pouvoir militaire et en créant les conditions de transition. Il a souligné aussi qu’il y a un délai qui est généralement accepté, c’est généralement un an et demi voire 2 ans maximum.
A propos de ce qui n’a pas marché avec les pays de l’AES, le Professeur Holo a cité la non utilisation des moyens diplomatiques pour négocier le retour à l’ordre constitutionnel. Mais les dirigeants de la CEDEAO ont voulu recourir immédiatement à la force. Cela a braqué la junte militaire du Niger. Cette dernière a bénéficié du soutien du Burkina Faso et du Mali. Il a déploré que le Niger, le Burkina Faso et le Mali qui sont membres de l’UEMOA dépend encore du Franc CFA dont la garantie est assurée par le trésor français. Ces pays n’ont pas au nom de la souveraineté quitté l’UEMOA.Selon lui, « leur autonomie doit se targuer par la création d’une monnaie unique que les pays francophones bloquent». À un moment donné, dit-il, « même si c’est le Nigeria qui a un moment estimé qu’on ne peut pas l’appliquer parce que les règles de convergence n’étaient pas encore atteintes par l’ensemble des pays membres ». La CEDEA0 est un élément d’intégration, même les pays de l’AES aujourd’hui maintiennent certains principes de l’institution sous régionale, la libre circulation. Le Professeur Théodore Holo a émis un rêve : « Ma prière est que nos petits enfants vivent dans un espace plus libre, unifié et plus puissant pour compter sur la scène internationale ».