Depuis l’année dernière, la justice a libéré par lots successifs des prisonniers politiques arrêtés dans le cadre des élections de 2019, 2020 et 2021. Si l’un est mort en prison et un autre quelques semaines après sa sortie de prison, la plupart d’entre eux souffrent curieusement de diverses maladies après leurs sorties de prison.
Depuis l’année dernière, suite aux demandes récurrentes de l’opposition, plusieurs prisonniers politiques ont été libérés soit par grâce présidentielle ou après avoir fini de purger leurs peines. Sur près de la centaine recensés en 2023, il ne reste que onze en prison actuellement. Mais sortis de prison, ils sont pour la plupart atteints de pathologies et des infections inquiétantes qui ont d’ailleurs coûté la vie à Latif Radji alors qu’il était en prison et à l’octogénaire Koto Dafia quelques mois après sa sortie. Selon nos recoupements, trois sortes de maladie rongent ces anciens bagnards. Il s’agit des maladies digestives, des troubles respiratoires et des infections de peau. Ces trois maladies renvoient à des problèmes de l’alimentation, de l’aération des cellules et problèmes d’hygiène. « Moi je souffre d’insuffisance respiratoire alors que d’autres ont des problèmes de foie », affirme un prisonnier politique libéré en juin 2024 qui précise que « je ne crois pas que ces problèmes soient forcément spécifiques à nous autres prisonniers politiques puisque nous sommes restés dans les mêmes prisons et dans les mêmes conditions que les autres ». Thibaut Ogou, libéré aussi en juin, avait déclaré au cours de sa première déclaration politique à la sortie de prison qu’il ne faisait que tousser. Beaucoup d’autres traînent des infections de peau. Le cas de l’un de ses prisonniers est si critique qu’un responsable du parti Les Démocrates, en l’occurrence une députée suppléante Léa Saka a été obligée de lui venir en aide. Elle avait bénéficié des soutiens inconditionnels de deux autres responsables du parti que sont Ousmane Bio Bouay et de Garya Saka, militante de la cause des femmes et des prisonniers politiques. Faut-il le rappeler, ces deux derniers sont aussi des anciens prisonniers politiques. Si on connaît les maladies nosocomiales, il s’agit ici de maladies carcérales dont les détenus ne souffraient pas avant leurs mises aux arrêts. Elles confirment les informations contenues dans le rapport de l’Amnesty International sur les prisons. Dans ce rapport rendu public le 1er août 2024, l’organisation de défense des droits de l’homme a dénoncé la surpopulation carcérale qui passe de « 7 000 détenu.e.s en 2016, selon un ancien ministre de la Justice, ils sont passés à 18 170 en décembre 2023, selon le directeur de l’Agence Pénitentiaire du Bénin ». Elle aussi déploré les conditions de détention et l’aération des cellules. « La plupart des détenu.e.s sont contraints de s’allonger sur le sol, sur le côté, sans possibilité de se retourner », avait observé Amnesty International. L’organisation avait aussi relevé des problèmes d’aération des cellules. « Les bâtiments partagés par des centaines de détenu.e.s n’ont que d’étroites ouvertures qui ne permettent pas une aération suffisante. La plupart des prisons que l’équipe d’Amnesty International a visitées n’étaient pas équipées de ventilateurs, malgré la chaleur excessive », avait-elle expliqué avant d’ajouter que : « Certaines cellules ne sont pas du tout aérées, comme les 12 cellules de « punition » de Missérété, où des dizaines de détenus sont enfermés ensemble dans une chaleur étouffante et ne sont autorisés à sortir que le soir pour se rafraîchir. Dans cette même prison, les membres présumés de groupes armés ne sont autorisés à sortir qu’une ou deux heures par jour ». Les dernières déclarations du Directeur de l’Agence Pénitentiaire du Bénin sur la question des conditions de détention au Bénin confirment ces problèmes pour lesquels le gouvernement ne semble pas trop pressé à résoudre.