Alors que la justice a réussi – par un tour de prestidigitation juridique dont elle a le secret- à mettre en détention provisoire Olivier Boko, Oswald Homeky et leurs supposés complices dans l’affaire dit d’atteinte à la sureté de l’Etat, le procès a quitté le tribunal pour se retrouver dans les meetings politiques au mépris des secrets de l’instruction et la présomption d’innocence constitutionnellement établie.
L’affaire « Olivier Boko et consorts », du nom de cet homme d’affaires ami intime du chef de l’Etat et numéro deux de son système révèle une autre facette des hommes politiques de la majorité présidentielle : celle de l’outrecuidance à braver l’indépendance de la justice. Jadis muets sur les cas précédents d’arrestations de leaders politiques de l’opposition, ils deviennent subitement et curieusement bavards cette fois-ci que deux des leurs sont arrêtés. Au regard de l’amitié qui lie les deux hommes- Talon et Boko- on s’attendait plus à des postures d’appel à la réconciliation si l’on suppose que le scénario décrit par le procureur et qui n’a malheureusement pas été démenti jusque là est vrai. Mais contre toute attente, les leaders politiques des partis de la majorité présidentielle ont opté pour des postures de partition du bloc présidentiel par le contenu de leurs déclarations. Les sempiternels refrains de « laissons la justice faire son travail » ont vite disparu pou laisser place à des déclarations de soutien au chef de l’Etat dont l’ami veut attenter à sa vie. Le scénario paraît si ubuesque que les populations, longtemps restent médusés, refusent de donner la communion sans confession ni à la victime qu’est le chef de l’Etat, ni au présumé commanditaire. Dès le lendemain de la conférence de presse du Procureur Spécial de la CRIET affirmant que les sieurs Olivier Boko et Oswald Homeky ont été arrêtés pour une « tentative de coup de force », la mouvance présidentielle a retrouvé une subite loquacité. Le bal des déclarations de soutien ouvert par Claudine Prudencio, Président du parti La Renaissance Nationale(RN) et membre de la majorité au pouvoir a été suivi par tous les partis se réclamant de ce bloc politique. Depuis, le concert ne s’est guère estompé. Après les déclarations des partis politiques, c’est le tour des sections départementales et même de députés qui, à titre personnel, font des déclarations pour dénoncer le recours au coup d’Etat pour prendre le pouvoir et soutenir le chef de l’Etat. Sans attendre le procès proprement dit au prétoire, les hommes politiques ont vite fait de condamner Olivier Boko et Oswald Homeky sans les avoir écouté et sans leur donner la moindre présomption de leurs innocences. Mais la turpitude politique ne les a pas maintenus à ce seul niveau.
Retour à l’époque Yayi
Après avoir fini de faire le procès d’Olivier Boko, d’Oswald Homeky et consorts dans les déclarations de presse, les hommes politiques de cette majorité présidentielle ont convié les populations au festin de la trahison. A Dangbo, Dassa, Les déclarations sont faites cette fois-ci devant la population. Tout porte à croire que l’on veut discréditer totalement Olivier Boko et le présenter comme un « criminel » qui veut attenter à la vie du chef de l’Etat. Les mêmes hommes politiques qui ont bénéficié du parrainage d’Olivier Boko alors tout puissant dans le système, sont encore ceux qui viennent lire les déclarations contre lui, en associant les populations à la campagne de sabotage. Si ce n’est que pour punir un putschiste, on pouvait bien s’en tenir à sa condamnation devant la justice. Cela aurait été suffisant pour prouver son caractère de citoyen déviant qui cherche à prendre le pouvoir par les armes. Mais l’organisation d’une campagne de sabotage grand public contre des personnes en attente de jugement apparaît comme un projet de règlement de compte politique qu’un dossier judiciaire pour punir quelqu’un qui a enfreint à la loi. Au finish, on se demande si ce n’est pas le probable candidat à l’élection présidentielle de 2026 qui est arrêté et puni sous la bannière du prétendu putschiste.