Au premier siècle après Jésus Christ, Rome connaît d’illustres empereurs dont l’un d’eux s’appelle Caligula. De son vrai nom Caius Julius Caesar Augustus Germanicus, il doit son sobriquet de Caligula à sa botte en cuir appelée « Caligae » que, jeune, sa mère lui portait pour faire le militaire qu’elle voulait qu’il devienne. S’il s’est rendu célèbre par sa cruauté et sa perversité, sa fameuse phrase « Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent » est forcément révélatrice de son mandat hors du commun. Il reprenait à sa manière la célèbre citation de son prédécesseur Tibère : « Oderint, dum probent ». Ce qui signifie : « Qu’ils me haïssent pourvu qu’ils m’approuvent ». Alors qu’il prit le pouvoir très jeune à l’âge de 25 ans de son père adoptif Tibère, Caligula sombre dans la tyrannie, tuant à tour de bras tous ceux qui le dérangent, persécutant et humiliant, sénateurs, légionnaires et même les membres de sa propre famille. Cruel, sadique, dépravé et pervers, il était atteint d’une mégalomanie qui le prenait comme la folie. Sa soif de vengeance et sa volonté de domination semblent si étroitement imbriquées que ses crimes peuvent autant être motivés par la haine que par une cruauté gratuite. Son sadisme atteint des combles de raffinement. Il va jusqu’à forcer des pères de famille à regarder l’exécution de leurs propres fils avant de les inviter à dîner et de se donner toutes les peines du monde pour les divertir, comme lui-même était obligé de se montrer agréable à la table de Tibère, à Capri, alors que ce dernier avait les mains rouges du sang de la moitié de ses proches. En un peu moins de quatre ans de pouvoir, il parvint à se faire haïr de tout un peuple. « Cette tête charmante tombera dès que je l’ordonnerai », disait-il souvent. Il meurt poignardé par deux de ses gardes. Sa fin tragique ne chagrina personne, pas même les membres de sa famille qu’il menaçait en permanence.
Aussi loin qu’il puisse paraître, le cas de Caligula continue malheureusement d’inspirer des leaders contemporains. L’Afrique s’en sort avec le gros lot. Tous préfèrent terroriser, intimider, tuer…
Fondant leurs pouvoirs sur la violence et la terreur, ils piétinent tous les pouvoirs, soumettent tous le monde et font en sorte de n’avoir aucun obstacle à leur pouvoir, de rouler sans arrêt. Ce genre de pouvoir se développe de plus en plus dans le monde et marque des reculs graves face à la justice sociale et la liberté humaine.
En jetant en prison à tour de bras des personnalités politiques qui peuvent secouer son pouvoir ou même ceux qui veulent lui arracher le pouvoir, le chef de l’Etat se met en insécurité permanente. Il est comparable à quelqu’un qui enlève lui-même ses propres habits. Une fois nu, ses infirmités, ses malformations seront visibles de tout le monde. Et l’ennemi pourra savoir par où il est vulnérable et où on peut l’attendre facilement.
Car, à forcer de jouer à faire peur, personne ne te parlera de tes défauts et des failles de sa gouvernance. Staline était si cruel que son médecin l’a laissé mourir parce qu’il avait peur de se faire tuer s’il lui disait la vérité sur sa maladie. « Le roi à qui on ne peut faire des reproches, c’est dehors qu’on trouve de l’excrément sur ses habits », dit un proverbe Fon.