Jadis média de service public très apprécié par les Béninois, la Société de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (ex ORTB) perd de son prestige et de son superbe. Depuis 2016, les réformes qui y sont expérimentées semblent donner le contraire de l’effet escompté, laissant l’office devenu société tomber dans l’instabilité et mourir à petits feux.
A son arrivée à la tête du pays, le régime de la rupture a décidé de contrôler tous les secteurs importants du pays dont le média du service public, chose normale puisque celui qui détient l’information, détient le pouvoir, dit-on. Très rapidement, la formule trouvée est celle de nommer des Directeurs Généraux intérimaires à la tête de l’Office. Ainsi, Georges AMLON prend la place de Stéphane TODOME, Directeur Général nommé après la procédure d’appel à candidature conduit par la HAAC. Le nouveau Directeur Général aura passé cinq mois à la tête de l’Office et fut remplacé par un autre, du nom de Joël HOUNDOLO. Celui-ci dirigea l’Office pendant deux ans neuf mois et cède sa place à un autre intérimaire. C’est ainsi que Jean –Philippe Erick ABRAHAM a occupé le poste de 2019 à 2024. Il détient pour le moment le record des intérims. C’est sous lui que le changement de dénomination et de statut est intervenu en Novembre 2023. Par décret pris en Conseil des Ministres, l’ORTB devient SRTB, une Société Anonyme avec l’Etat comme unique actionnaire. Le média du service public prend une orientation commerciale et est doté de structures qui renforcent la mainmise du gouvernement. Il s’agit entre autres d’un Comité Editoriale présidé par le Directeur de la Communication de la Présidence de la République et Porte-parole du gouvernement Wilfried HOUNGBEDJI et d’un Conseil d’Administration présidé par la Ministre du Numérique et de la Digitalisation Aurélie ADAM SOULE ZOUMAROU. Aux dires des autorités, la création de la SRTB entre dans le cadre d’une série de réformes pour répondre aux exigences du passage au numérique. Mais pour transformer l’ORTB en une société éditrice de programme, a-t-on besoin de faire de lui, une société commerciale ? La réponse est assurément non. En outre, le gouvernement a décidé de faire beaucoup d’investissements pour moderniser l’Office et surtout de rassembler tous les médias du service public en une seule entité. Ce qui est une initiative fort louable. Il faut donc faire remarquer que la SRTB est la fusion de l’ex ORTB avec le Centre Multimédia des Jeunes et Adolescents du Bénin (CMAJB). C’est d’ailleurs le Directeur de ce centre, Darius Dadé qui fut bombardé Directeur Général de la SRTB SA en 2024. Il n’aura passé que deux mois au poste et fut remplacé par l’actuel du nom de Freddy KOUDAHOUA depuis le 5 juillet 2024. En huit ans de gestion du pays, le régime actuel a fait nommer cinq directeurs généraux à la tête de l’ORTB dont deux seulement ont pu faire un temps moyennement long, deux autres auront passé entre trois et cinq mois. Visiblement, le régime est contre les procédures normales de recrutement de Directeurs généraux.
Une tentative dite infructueuse de nomination par appel à candidatures
Courant janvier-février 2024, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication a lancé un appel à candidatures afin de pourvoir aux différents postes de direction au sein de la SRTB. Nos sources renseignent que soixante-dix-neuf (79) dossiers ont été reçus au total pour les sept postes à pourvoir à savoir Direction générale, Direction Bénin TV, Direction Bénin TV Junior, Direction Kiff FM, Direction Radio Bénin, Direction Radio Bénin Alafia, Direction Régionale Parakou. Contre toute attente, le processus est resté bloqué. Les postulants ne connaitront jamais officiellement les résultats de la pré-sélection. Entre la Présidence de la République et la HAAC, beaucoup de choses se sont passées. Des indiscrétions renseignent qu’après la pré-sélection, la plupart des postulants pré sélectionnées et remplissant les conditions sont des cadres en service à l’ORTB. C’est alors qu’une des chargées de mission du Chef de l’Etat, pique une grande colère et arrive à convaincre de la nécessité de déclarer l’appel à candidatures infructueux et par la suite, de rechercher d’autres personnes à nommer à ces différents postes. Quelques jours après c’est une décision de la HAAC qui a effectivement déclaré l’appel à candidatures infructueux. Cette instabilité installée à la tête de la société a plongé les travailleurs dans la psychose et l’insécurité professionnelle et a perturbé profondément son fonctionnement et son rendement. Nous reviendrons dans une prochaine parution sur les autres pans de cette descente aux enfers de la maison ORTB devenue SRTB.