L’hôpital de référence d’Abomey-Calavi sera bientôt opérationnel. Mais déjà, plusieurs questions taraudent l’esprit des uns et des autres sur les cas de prise en charge. Le cas des dialysés est criard an Bénin. Par année, plusieurs dialysés meurent en masse faute de prise en charge. Et l’on se demande si le Centre Hospitalier International de Calavi (CHIC) va prendre en compte ces personnes. Sur l’émission Grand Angle de ce dimanche 23 juin 2024, Edmond Amoussou, président de l’Association des Dialysés du Bénin s’interroge sur la place de la prise en charge des personnes dialysées dans le Chic.
Ça souffre énormément dans le rang des personnes assujettis à la dialyse. Entre 2019 et 2022, il y a eu déjà près de 4000 morts dans le rang des dialysés. C’est ce qu’on peut retenir de l’intervention du président de l’association des Dialysés du Bénin, Edmond Amoussou, sur l’émission Grand Angle de ce dimanche 23 juin 2024. À travers cette émission, il s’interroge notamment sur la place de la prise en charge des personnes assujettis à la dialyse par le Centre Hospitalier International de Calavi (CHIC) qui sera bientôt réceptionné. « En dehors du probable transplantation rénale, je ne sais pas ce que le Chic va apporter aux dialysés. Le dialysé gagne quoi dans le Chic ? », s’est-il notamment interrogé.
En effet, faisant état des lieux des problèmes que rencontrent les dialysés au Bénin, Edmond Amoussou a fait mention de ce que le patient dialysé doit dépenser une forte somme s’il n’a pas la prise en charge. « Le dialysé doit dépenser beaucoup d’argent s’il n’a pas une prise en charge. C’est 70.000f CFA par séance de dialyse et il faut le faire trois fois par semaine pour pouvoir vivre comme les autres » a-t-il déclaré. Il exprime ainsi la difficulté financière des dialysés pour pouvoir se prendre en charge eux-mêmes. Faisant mention de la réduction de 80% des frais de dialyse faite à leur égard, il estime que personne ne pourra payer. « Les fonctionnaires sont prises en charge et les autres sont délaissés. Avec quel salaire le dialysé peut payer les 20% pour vivre ? Même si c’est 1%, aucun béninois ne peut payer puisqu’il y a d’autres soins après la dialyse et il faut régler les autres charges de la vie » ajoute-t-il. En ce qui concerne les statiques, il estime que les autorités cachent désormais les morts dans le rang des dialysés. « Aujourd’hui, il y a environ 400 malades qui sont déclarés. Ils nous cachent désormais les vrais chiffres des décès des personnes dialysés . D’autres meurent chez eux parce qu’ils n’ont pas de prise en charge », a-t-il déploré.
Par ailleurs, il n’a pas manqué de mentionner les efforts fournis par son organisation pour améliorer les conditions des personnes dialysées qui sont restés vain. « C’est nous qui demandons une audience au ministre de la santé avant qu’il ne nous reçoive. Nos procès verbaux de toutes nos décisions et suggestions sont reçu au ministère de la santé et jusque là, rien n’est fait. Nous avons saisi la cour constitutionnelle qui nous a dit que le gouvernement n’a pas les moyens de nous prendre en charge. La cour suprême s’est déclarée incompétente quand elle nous a reçu » a déclaré Edmond Amoussou. Pour lui, l’état béninois n’a pas le temps à accorder aux dialysés. « Nous avons envoyé des demandes d’audiences par top chrono au chef de l’État et rien n’a été fait. Nous pensons que le président Patrice Talon a décidé de ne pas prendre la dialyse en charge » a-t-il déploré. Comparativement aux autres pays de la sous-région, il estime que seul le Bénin a ce problème. « Au Togo, le coût total est à 35.000f CFA. En Côte d’Ivoire, c’est à 1750. Au Mali, Burkina Faso et en Guinée Bissau, la prise en charge est à 100%. Et comme ce n’est pas le cas au Bénin, on ne peut plus faire la dialyse ailleurs à cause de la non réciprocité » a-t-il fait mention. Il demande pour finir au gouvernement, de regarder le cas des dialysés et de donner une prise en charge à toutes les personnes dialysées. C’est l’espérance dès l’ouverture du Chic.
Gildas AHOGNI