La tournée gouvernementale – muée en tournée de la majorité présidentielle – organisée pour, dit-on, « rendre compte aux populations » a l’air de tourner en un vrai cirque de mensonges et de sabotages. Ministres, députés, leaders politiques proches de la majorité au pouvoir…tous sont lancés sur le terrain pour présenter les réalisations du gouvernement aux populations. De peur que ces séances tournent en de vrais rencontres de vérité, de critiques et reddition de comptes, elles ont été ouvertes qu’aux seuls militants des partis politiques de la majorité présidentielle briefés à l’avance pour limiter des casses. Les images revenant du terrain montrent les visages anxieux de militants pas très convaincus des discours basés sur un marketing débridé de l’action gouvernemental. Oui, il a été question de bilan de réalisations d’infrastructures et des nombreux projets dont le processus de réalisation n’est pas encore achevé et enfin de discours de discrédits sur tous les anciens régimes ayant dirigé le Bénin. Il a été demandé aux griots en mission de claironner partout sur l’inédit bilan, de présenter une gouvernance sans faille et un pays totalement développé qui n’envie rien à personne et dont le degré de développement suscite jalousie et méfiance sur le continent. On n’y a pas du tout parlé de l’homme mais plutôt de la matière, des choses, du cosmétique. On y a parlé d’infrastructures et non de superstructures. Rien ou presque pas grand-chose n’aura été dit sur l’humain, sur le bien être des populations, sur la ressource humaine, réputée par tous les experts comme la première richesse.
La tournée aurait ainsi réussi, sous cette forme de propagande abjecte sauf qu’elle n’a pas touché les cœurs et les visages des spectateurs de ces cirques l’ont bien prouvé.
C’est dans ces cirques que l’une des actrices a produit une prestidigitation extraordinaire. Il s’agit Mariam Chabi Talala, la vice-présidente de la République. A Allada où elle était, elle n’a pas hésité à dire certaines aberrations. Suivons là sur ce coup : « J’ai beaucoup apprécié l’intervention de la femme qui est à côté et qui a dit qu’au niveau d’Allada il vous manque de routes. Vous n’en avez pas suffisamment mais elle a ajouté quelque chose. Si Talon ne fait pas cette route s’il faut, s’il le faut, on va le ramener pour un 3è mandat hoooo. Mais cela veut dire quelque chose hein. Cela veut dire qu’elle sait qu’en dehors de Talon et de son équipe au Bénin c’est rare de trouver des bâtisseurs. Que si vous voulez des routes au Bénin, si vous voulez des écoles, si vous voulez que la dynamique en cours se poursuive, il faut des gens comme Talon, des gens de l’équipe de Talon. Autrement, vous aurez quoi ? Ce qu’on a toujours eu : la politisation à outrance de tout. Oui ou non ? Les concours truqués, ça fait des années que vous ne parlez plus de ces choses… ».
Ainsi donc, on doit ramener Talon pour un 3è mandat à cause de son bilan. Si cette thèse n’est pas nouvelle dans la République car agitée pour la première fois sous le président Yayi, elle a la gravité d’avoir été répétée, promue et soutenue par la Vice-présidente d’un régime où le premier chef avait annoncé officiellement ne faire qu’un seul mandat.
Il y a environ dix ans, Fatouma Amadou Djibril, originaire du septentrion comme elle, ministre du président Boni Yayi avait tenu des propos similaires et avait été condamnée par la Cour constitutionnelle pour méconnaissance de la constitution. Aujourd’hui, même si la vice-présidente ne devrait rien craindre, sa déclaration est d’une dangerosité rare, et qu’elle doit normalement être interpellée. Où était cette dame lorsqu’en 2020 y a eu fraude au concours des auditeurs de justice et la femme du Directeur adjoint de cabinet du ministre de la justice a été prise avec le corrigé-type ? Où était-elle lorsque ledit concours a été annulé ? Talata est sûrement obnubilée par le confort de son poste actuel au point de ne voir que les bonnes choses. Il faudra lui souffler qu’en 2026, le Bénin aura un nouveau président qui ne sera pas Talon et que les routes se construisaient au Bénin depuis le Président Maga et qu’aucun critère de bilan positif n’est établi dans la constitution pour briguer un hypothétique 3è mandat. Il faudra lui souffler enfin ce proverbe : « lorsqu’on vous envoie, il faut savoir vous envoyer ».