Les élections générales de 2026 permettront-elles aux femmes de rattraper leur retard dans la commune de Sèmè-Podji ? C’est la question que bon nombre de Béninois se posent actuellement au fur et à mesure que l’on s’approche des élections législatives et communales de 2026. Pour beaucoup, l’heure a sonné pour corriger le tir dans tous les partis politiques. Dans les coulisses, plusieurs femmes leaders politiques se préparent pour renverser la vapeur.
Tenez ! Depuis 1990, les femmes sont toujours à la traîne dans la commune de Sèmè-Podji, malgré leur rôle primordial dans les partis politiques. On se souvient que Joseph Gnonlonfoun, magistrat à la retraite, de NCC ( Notre Cause Commune ) au parti National Ensemble de feu professeur Albert Tévoédjrè, était presqu’incontournable en politique dans la commune. Il a été élu député en 1991. C’est d’ailleurs lui l’auteur de la proposition de loi qui a institué la CENA. En 1995, Matthias Gbèdan du PRD ( Parti du Renouveau Démocratique ) lui a damé le pion par son élection à l’Assemblée nationale. Aux législatives de 1999 et 2003, André Koukoui, du même PRD s’est fait élire deux fois au Parlement. Timothée Gbèdiga lui a succédé au palais des gouverneurs en 2007 sous les couleurs de la même formation politique. En 2011, ce fut le tour de Charlemagne Honfo de faire ses premiers pas de député en remplacement de l’Honorable Gbèdiga avec le logo de l’Union fait la Nation ( UN ), une alliance dans laquelle se trouvait le PRD. Jonas Gbènamèto était également élu député sous la bannière de l’UN. En 2011, deux fils de Sèmè-Podji étaient élus parlementaires dans la même alliance. En 2015, l’universitaire Noël Akissoé, grâce au PRD, a foulé le sol de l’Assemblée nationale. En 2019, Hyppolite Hazoumè de l’Union Progressiste et Charles Avalla du Bloc Républicain ont été élus députés. Il faut signaler que le PRD n’était pas dans la compétition à cause d’une affaire de doublons. En 2023, Charlemagne Honfo a fait son retour au palais des gouverneurs sous les couleurs de l’UPR ( Union Progressiste le Retour ). Il est clair qu’aucune femme n’est députée à Sèmè-Podji depuis l’avènement du renouveau démocratique.
Au niveau des élections communales, la situation est presqu’identique. Depuis 2003 où le Bénin est rentré dans la phase de la décentralisation, aucune femme n’est ni maire, ni cheffe d’arrondissement à Sèmè-Podji. Mathias Gbèdan est resté aux commandes de la commune de 2003 à 2015, Charlemagne Honfo de 2015 à 2020 et Jonas Gbènamèto de 2020 jusqu’en 2026. Tout cela s’explique par le fait que beaucoup de femmes ne se font pas élire conseillères dans la localité. De la première à la deuxième mandature du Conseil communal de Sèmè-Podji, Bérénice Koukoui était la seule conseillère sur 25 conseillers communaux. A la troisième, il y a eu trois femmes élues sur la liste du PRD en 2015 jusqu’à 2020 ( Bérénice Koukoui, Suzanne Tchédé et madame Monday ). Pour la présente mandature, c’est le pire. Le Conseil communal ne compte aucune femme en son sein. Concernant les Conseils locaux, il n’y a qu’une femme élue cheffe de village. Il s’agit de Marie Dandjnou épouse Prince Agbodjan qui est l’actuelle cheffe-village de Djèrègbé Houèla.
Il s’aperçoit clairement là que la gent féminine est marginalisée dans tous les partis politiques dans cette commune. Or, les femmes représentatives, il y en a assez à Sèmè-Podji. Au parti les Démocrates, Aimée Gnonlonfoun épouse Hounyè travaille d’arrache-pieds sur le terrain. À l’UPR, Dr Solange Odjo, Josiane Vitègni, Bérénice Koukoui et plusieurs autres sont connues des populations à la base. Au Bloc Républicain, dame Marie Dandjinou est populaire. Elles sont nombreuses les femmes qui peuvent porter les flambeaux de leurs formations politiques respectives aux prochaines élections.
Sèmè-Podji est évidemment sur la liste noire des communes où les femmes ne sont pas mises en valeur en politique. Il revient aux responsables des différents partis d’en tenir compte à partir de 2026.
Jules Yaovi MAOUSSI