À l’initiative du point focal Ouémé de l’Association des Femmes Enseignantes Engagées du Bénin (AFEEB-Bénin), une journée de réflexion s’est tenue le 31 mai 2025 à Porto-Novo. L’événement, coordonné par Noëlle Adjamonsi, a réuni des femmes du secteur public autour du thème : « Droits et avantages des femmes du Secteur public pendant et après la fonction. » Objectif : renforcer leurs connaissances sur les droits liés à leur statut de fonctionnaires, durant et après leur carrière.
Les participantes ont suivi plusieurs communications animées par des experts du droit, des acteurs syndicaux, des sociologues et des professionnelles de terrain. Le juriste Dr Justinien Hounkpatin a ouvert les échanges en rappelant que les droits de la femme au travail sont garantis par des textes juridiques précis, prenant en compte leur réalité physique, sociale, psychologique et familiale. Il a insisté sur le devoir de l’État de veiller à leur application effective.
Poursuivant dans le même sens, Stéphanie Kouagou a mis en lumière l’écart entre les textes de loi et la réalité sur le terrain. Elle a déploré la non-application de nombreuses dispositions favorables aux femmes dans l’administration publique. Une situation aggravée par un manque d’information et de mécanismes de recours accessibles. La sociologue Théodora Fassinou s’est, quant à elle, penchée sur les obstacles socioculturels qui freinent l’épanouissement professionnel des femmes. Elle a évoqué les difficultés de conciliation entre responsabilités familiales et vie professionnelle, tout en suggérant des stratégies comme le réseautage féminin, le leadership adapté au contexte, ou encore le soutien des politiques publiques à travers les quotas genre et les lois contre les discriminations.
Marie Hounsa, censeur au Lycée Toffa 1er, a pour sa part soulevé la méconnaissance des procédures administratives relatives au congé de maternité et à l’aménagement du temps de travail pour les femmes allaitantes. Une méconnaissance qui pénalise de nombreux fonctionnaires et révèle un besoin urgent de vulgarisation des textes. La voix syndicale a été portée par Elvyre Fadonougbo, Secrétaire Générale Départementale du Syndicat National des Enseignants pour Éducation Inclusive de Qualité au Bénin. Elle a souligné le faible taux de militantisme féminin, tout en reconnaissant la force de la femme dans les actions de plaidoyer et de lobbying. Elle a appelé à une implication plus active des femmes dans les instances syndicales pour mieux défendre leurs intérêts.
Enfin, l’écrivaine Cécile Avoungnlankoun a proposé une lecture critique des injonctions sociales qui pèsent sur les femmes fonctionnaires. « On a fait croire à la femme qu’elle peut être à la fois mère et fonctionnaire, mais la mission de forger des hommes dignes exige un plein engagement », a-t-elle affirmé, pointant la surcharge mentale et émotionnelle que subissent bon nombre de femmes. Des cas concrets issus des secteurs scolaire, sanitaire et judiciaire ont été partagés, révélant les difficultés spécifiques rencontrées par les femmes sur le terrain, y compris après leur départ à la retraite. Ces témoignages ont permis d’illustrer les écarts entre théorie et pratique.
Au terme de la journée, les participantes ont exprimé leur satisfaction d’avoir acquis des connaissances pratiques sur leurs droits et les démarches à entreprendre en cas de non-respect. L’AFEEB-Bénin, à travers sa représentante Noëlle Adjamonsi, promet de poursuivre cette dynamique d’information et d’engagement pour faire progresser la condition des femmes fonctionnaires au Bénin.
