Le cercle des docteurs en sociolinguistique et épistémologie des sciences s’agrandit. Le samedi 13 avril 2024 à la salle de conférences de l’Ecole Doctorale Pluridisciplinaire « Espaces, cultures et Développement », Jean-Eudes Missikey a défendu avec brio une thèse dans cette discipline et a obtenu son grade de docteur avec la mention « très honorable ».
« Epistémologie des cognitions dans les pratiques scripturales et objets fabriqués des ordres traditionnels gbè au Bénin : Reconstitution des savoirs linguistiques, mathématiques, astrophysiques et biologiques », ainsi s’intitule la thèse de Doctorat soutenue ce samedi 13 avril 2024 par Jean-Eudes Missikey. Pendant plus de deux heures d’horloge, l’impétrant a exposé les résultats de ses travaux de recherche devant un jury international présidé par le professeur Moufoutaou ADJERAN et composé d’éminents universitaires venus de plusieurs universités de la sous-région. La thèse était rapportée par le professeur Aimé Dafon Sègla. Dans sa démarche , Jean-Eudes Missikey jette un regard panoramique sur un travail scientifique qui a été déjà fait notamment par les rédacteurs de l’histoire générale de l’Afrique. Il s’est donc inspiré de la méthodologie utilisée par l’UNESCO pour l’écriture de l’histoire générale de l’Afrique et a couplé cette méthodologie avec d’autres outils d’analyses tels que les recherches, les enregistrements spontanés et autres. Le document propose des pistes de solutions pour valoriser ces résultats notamment le système traditionnel de mesures des Fons . La découverte de ce système traditionnel de mesures des Fons peut, selon lui, permettre d’ « élaborer des instruments géométriques d’inspiration endogène » tels que la fabrication des équerres, des compas qui seront utilisés dans l’éducation nationale.
Pour l’impétrant, « le système de communication graphique des Fons constitue la preuve qu’il existe déjà un code « émogi » avant l’avènement des réseaux sociaux et que ce code servait de communication entre les gens du Dahomey » et qu’en plus de cela, « il y a les connaissances astrophysiques qu’il faut exploiter aujourd’hui pour résoudre les problèmes liés à la pêche au Bénin ». C’est pour cela qu’il pense qu' »il faut exhumer ce code, le mettre en valeur dans les conversations téléphoniques sur les réseaux sociaux ». Et ajoute : « Les lacs et les lagunes sont ensablés. Il y a un projet de dragage en cours dans le pays. Donc ne suffit pas de draguer les lacs mais il faut tenir compte de ses connaissances des pêcheurs « Tofin » pour régulariser l’activité de pêche au Bénin ».
Argumentant sur l’originalité de ces travaux, Jean-Eudes Missikey a expliqué que sa recherche s’est intéressée aux signes, inscription, symboles, objets et instruments fabriqués au niveau des peuples du Sud du Bénin notamment les Fons du Dahomey. Il a indiqué qu’il a choisi d’étudier ces éléments car « il y a eu des travaux antérieurs sur ses créations mais ils n’ont pas tenu compte de la sphère des connaissances qui sont cachées derrière ses signes et symboles ». Il en donne ici les détails : « Donc la nouveauté ici, c’est que nous, on s’est intéressé aux connaissances implicites. Et ces connaissances sont de divers ordres. Il y a les connaissances mathématiques, les connaissances biologiques et les connaissances astrophysiques » a -t-il fait savoir. Tout en adressant à l’endroit des encadreurs un mot de satisfaction et de reconnaissance pour les efforts consentis dans le cadre de l’encadrement de la thèse et de l’évaluation de la thèse ainsi que les conseils et les observations faits, ce dernier entend poursuivre les recherches et les valoriser dans les différents domaines de la vie quotidienne au Bénin si possible à l’étranger. La thèse défendue par l’impétrant est acceptée à l’unanimité par le jury international avec la mention très honorable à la satisfaction générale du grand public qui a fait le déplacement.
