L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) en partenariat avec Coris Bank international a organisé le jeudi 25 janvier 2024 au Chant d’Oiseau de Cotonou sa conférence trimestrielle qui a pour thème : « La coopération régionale et les défis sécuritaires transfrontaliers en Afrique occidentale ». Ce thème a été décortiqué par le Professeur de pratique de Relations internationales, Delidji Eric Dégila .
« L’Afrique occidentale présente un certain nombre de caractéristiques qui ont un impact direct sur les défis militaires transfrontaliers » a lâché le professeur Delidji Eric Dégila . Il a laissé entendre qu’il y a « la nécessité de déconstruire notre compréhension des défis sécuritaires en Afrique en adoptant une approche multiscalaire et en prenant davantage en considération notre histoire celles de la formation des Etats modernes africains afin d’envisager une coopération régionale plus efficiente ». C’est pour cela que le professeur de pratique de Relations internationales a articulé ses propos autour de 3 points à l’importance de la décolonisation conceptuelle, le signifiant des défis sécuritaires d’aujourd’hui et le changement du paradigme.
Il a révélé qu’en 2022 sur 34 conflits dans le monde 15 se déroulaient en Afrique. Selon lui, les menaces à la paix et à la sécurité dans la sous-région revêtent de plus en plus un caractère hybride et ou asymétrique à travers 3 points : la prolifération de mouvements terroristes tels que Boko Haram, les entrepreneurs de l’insécurité comme « JNIM », le risque de diffusion exponentielle de pandémie transfrontalière telle que ‘’Ebola ‘’, la pandémie de COVID-19 et l’amplification du phénomène de la piraterie. « A l’échelle globale, nous sommes dans une période de grandes effervescences de moins en moins prévisibles avec une géopolitique en pleine restructuration et surtout une temporalité éclatée » a-t-il déclaré. C’est le défi majeur pour l’Afrique dit-il, « c’est comment promouvoir de manière efficiente et pérenne la paix et la stabilité dans la région car c’est pour une condition sine qua non pour un développement soutenu et durable ».
Le Professeur Delidji Eric Dégila a indiqué que les défis majeurs auxquels l’Afrique doit faire face pour promouvoir de manière durable la paix et la sécurité sont de scruter l’Etat moderne africain, de regarder l’Etat moderne africain à travers l’expérience coloniale, la conférence de Berlin et la décolonisation et les indépendances. Pour lui, « la matrice d’un Etat au sens Wébérien, c’est d’avoir sur un espace géographique des populations qui ensemble construisent un projet ». Or selon ce dernier « ces trajectoires historiques conduisent à l’émergence d’identité politique en Afrique qui sont d’une manière fragmentée du point de vue identitaire ». Le caractère multi ethnique des Etats africains affirme-t-il « ne suffit pas pour expliquer la résurgence de la violence armée et des défis sécuritaires ». Il n’a donc pas manqué de préciser que « les défis sécuritaires transfrontaliers en Afrique de l’Ouest se diffusent à travers les corridors de vulnérabilité » et « entre les différents pays qui sont limitrophes ». « Si un Etat n’assume pas ses fonctions régaliennes, il favorise l’émergence d’un environnement de violence culturelle » a -t-il conclu.