Le samedi dernier alors que je pars pour une urgence, je me suis tombée nez à nez avec un policier. Le motif est que j’ai oublié de porter mon casque. Ma moto a été arrêtée. Je suis descendue immédiatement et je me suis dirigée vers l’agent. Ce dernier m’oriente vers son supérieur. Arrivée à son niveau, je lui montre ma carte professionnelle. Je présente mes excuses. Je lui ai expliqué les raisons de mon oubli de port de casque. Dans un mouvement d’élan, mes yeux tombent sur une jeune femme enceinte. Cette dernière est mince et cachectique. Elle noue sur sa taille un pagne déchiré, un habit blanc sale et sur sa tête un foulard blanc avec un regard fugitif comme si elle appelle Dieu à la rescousse. Elle marche difficilement comme si le vent va l’emporter. A peine qu’elle se soutienne, son passage attire le regard et l’indignation de tout le monde. Je me suis rapprochée d’elle et je l’ai aidé à se soutenir afin de pouvoir trouver un emplacement pour se récupérer. Très heureuse de mon assistance, mon hôte se met à me raconter son histoire. Cette dernière me fait comprendre que chaque fois qu’elle est en état de grossesse, elle n’arrive pas à s’alimenter correctement. Mais qu’elle aime seulement boire beaucoup d’eau. Elle ajoute qu’elle préfère aussi garder sa forme pour éviter plus tard des regards des gens car après l’accouchement on se déforme. Elle a déclaré qu’aujourd’hui, elle n’arrive plus à marcher car elle a l’impression que ses os l’ont lâchée. C’est pourquoi, elle se sent faible. De plus ses moyens sont limités puisque son époux a voyagé. Elle se retrouve seul devant les dépenses raison pour laquelle elle n’est allée à l’hôpital. Aucun de ses parents n’est prêt à l’aider à résoudre ce problème. Car, affirme-t-elle, elle a eu des avertissements de la part de ses parents biologiques depuis qu’elle est tombée enceinte de son deuxième enfant. Elle a précisé qu’elle a souvent une grossesse à risque.
Heureuse de me faire part de ses soucis qui la rongent depuis quelque temps, elle respire profondément et semble regrettée l’état dans lequel elle se trouve. Je reste à côté de mon hôte confus, triste et très choquée des arguments développés. Enfin, je la conseille de se rendre immédiatement à l’hôpital pour une prise en charge. Alors elle m’a donné un numéro d’une de ses amies qui est venue la chercher pour qu’elle aille faire les soins.
- Définition de l’anorexie mentale chez la femme enceinte
Mummyrexie se développe au cours de la grossesse chez certaines femmes qui surveillent à l’extrême leur prise de poids. Le terme mummyrexie vient de « mammy » qui veut dire en Français « maman » et ’’anorexie ‘’. On parle aussi parfois de ‘’pregnorexia ‘’ et ‘’anorexia’’. Ce phénomène désigne les femmes enceintes qui montrent des signes d’anorexie mentale et ont une peur pathologie de prendre du poids.
En somme la mummyrexie est le fait d’avoir un comportement anorexique pendant sa grossesse C’est-à-dire de restreindre ses apports alimentaires dans le but de prendre le moins poids possible.
Par conséquent, l’anorexie est un trouble de comportement alimentaire qui touche les femmes ayant 15 à 25 ans dans 90% des cas
En psychologie, l’anorexie mentale se caractérise par une perte de poids intentionnelle. C’est un trouble des conduites alimentaires dont l’origine est multiple factorielle[U1] . Elle survient chez les filles adolescentes et beaucoup plus rarement chez les adolescents masculins, les enfants et les adultes
- Les causes de l’anorexie mentale chez les femmes enceintes
L’anorexie ne dépend pas d’une cause en particulier mais souvent des résultats de plusieurs facteurs tels que :
-Le bouleversement hormonal (décès d’un parent ou d’un proche, échec scolaire, divorce, problème financier, dispute avec son conjoint, rejet par la société, perdre son travail, des vomissements etc.)
-La peur de grossir ou d’une obsession de maigrir comme les jeunes le disent souvent’’ garder la ligne’’ (les sportifs, les chanteurs)
- Les symptômes liés à l’anorexie mentale chez la femme enceinte
Certains critères permettent de poser le diagnostic de l’anorexie :
-La façon de s’alimenter (restriction, proscription de certains aliments, refus de s’alimenter, phases boulimiques) et certaines pratiques (vomissement, prises de certaines potion traditionnelle et médicamenteuse pour se dégraisser, pour perdre le poids, pour maigrir).
-Poids : indices de masse corporel (IMC) inférieur à 17, 5 kg /m2
-La perception de soi (refus de reconnaitre sa maigreur, perception déformée de son corps)
-L’estime de soi ( sentiment d’avoir le contrôle sur son corps ; peur de grossir)
- Les facteurs favorisant l’anorexie chez la femme enceinte
Le comportement alimentaire dépend des facteurs génétiques et physiques individuels, mais il est également influencé par des facteurs environnementaux, familiaux et socioculturels.
Les troubles de conduite alimentaire conduisant à l’anorexie sont donc la résultante des facteurs cliniques multiples. Nous pouvons en citer entre autres :
Des facteurs biologiques : les modifications, neurologiques (facteurs endocriniens)
Les systèmes de régulation de l’appétit peuvent influencer sur les troubles de conduite alimentaire et leur chronicité.
Facteurs socioculturels (danseurs, mannequins, sportifs de haut niveau, séparation, deuil, changement du corps à la puberté) sont souvent des facteurs déclencheurs des troubles alimentaires et pourraient marquer le point de départ de l’anorexie mentale chez certaines patientes.
- Les conséquences de l’anorexie mentale chez la femme enceinte
Chez la future maman, elle souffle des carences occasionnelles comme :
- Anxiété, stress, état émotionnel et dépressif accru
- Pertes de la connaissance
- Le repli de soi
- Des troubles digestifs
- Des troubles de la concentration
- Un dysfonctionnement des systèmes
- Des distorsions cognitives
- Les risques des maladies chez la femme enceinte et son enfant.
- L’anémie (manque de fer et de vitamine E),
- Une peau sèche (manque d’Omega 3)
- Des caries (manques des calciums)
- Des risques d’ostéoporoses ()
- Une baisse de la température corporelle (hypotension asthénie lors de l’accouchement)
- La perturbation du cycle menstruelle
- Le développement des troubles de libido
- Une dévalorisation de l’image de soi
- Si l’anorexie démarre top dans la grossesse, il y a un risque de fausses couches
- Décès maternel lors de l’accouchement
- Un retard de prises de poids par la suite avec une forte difficulté à se nourrir
Après l’accouchement, la dépression du post partum est très intense, tout comme la fatigue et les troubles de sommeil.
Chez le nouveau-né, nous pouvons observer :
- Un retard de croissance
- Une hypotrophie
- Les malformations néonatales intenses et externes
- Une naissance prématurée
- Un poids de naissance très petit
- Les conseils et traitements
Nous nous conseillons tous les parents ou tuteurs, maris épouses ou époux de :
– surveiller le comportement alimentaire et des actes liés à l’anorexie chez la femme enceinte,
-signaler immédiatement les troubles alimentaires aux parents proches,
-Être à l’écoute attentive de ses femmes et aux moindres anomalies, il faut avertir son médecin traitant.
-Donner des conseils pratiques sur la façon dont il faut vivre sa grossesse.
En cas d’anorexie confirmée, il faut se rendre immédiatement à l’Hôpital pour une meilleure prise en charge par un agent de santé assermenté et qualifié à la tâche.
Eve Mireille Affanou
Sage-femme diplômé d’Etat/Echographiste
Ex-Déléguée du personnel du CHU-MEL