Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a annoncé vendredi dernier une réduction massive de son aide humanitaire en Somalie. Confrontée à une grave pénurie de fonds, l’organisation ne pourra plus secourir qu’un tiers des bénéficiaires habituels, aggravant une crise déjà catastrophique.
C’est un coup dur pour l’un des pays les plus vulnérables du monde. En novembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) sera contraint de réduire le nombre de personnes recevant une aide alimentaire d’urgence à seulement 350 000, contre 1,1 million en août, soit une baisse de près de 70 %. « Moins d’une personne sur dix parmi celles qui ont besoin d’aide pour survivre recevra une assistance », déplore l’agence onusienne dans son communiqué.
Selon le dernier rapport de la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), 4,4 millions de Somaliens sont aujourd’hui en crise ou pire, dont près d’un million dans une situation de famine d’urgence. En l’espace de six mois, le nombre de personnes affectées a grimpé de 50 %. Les enfants sont les plus touchés : 1,8 million de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë, dont 421 000 dans un état sévère. Faute de moyens, le PAM ne peut nourrir que 180 000 enfants, laissant des centaines de milliers d’autres sans soutien nutritionnel.
Une situation aggravée par la sécheresse et les conflits
Cette situation dramatique résulte de plusieurs années de sécheresse, de conflits armés persistants et d’une fatigue croissante des donateurs internationaux. Pour maintenir un niveau minimal d’aide jusqu’en mars 2026, le PAM affirme avoir besoin de 98 millions de dollars supplémentaires. Sans ce financement, l’organisation craint une nouvelle flambée de la faim et une recrudescence des déplacements internes.
Les analystes soulignent que la crise somalienne illustre une dérive inquiétante. Pour eux l’Afrique est oubliée car l’attention et les ressources internationales se concentrent ailleurs, notamment en Ukraine ou au Moyen-Orient. Pendant ce temps, des millions d’Africains demeurent en première ligne de la faim. Pour la Somalie, c’est un rappel cruel que la solidarité mondiale s’essouffle quand la souffrance ne fait plus la une.
Ezéchiel Dagbégnon PADONOU