Élite du Parti libéral-démocrate (PLD), Sanae Takaichi a été élue samedi 4 octobre à la tête du parti au pouvoir, après la démission du Premier ministre Shigeru Ishiba pour raisons de santé. Elle devient la première femme appelée à diriger le Japon, une première dans l’histoire politique du pays.
À 64 ans, Sanae Takaichi, nationaliste affirmée et proche de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, a remporté la présidence du PLD, formation dominante depuis l’après-guerre. Elle prendra prochainement les rênes du gouvernement, succédant à Shigeru Ishiba, affaibli par la pression politique et les défis économiques persistants.
Issue de la préfecture de Nara, diplômée de l’Université de Kobe, Takaichi a bâti sa carrière dans un univers politique longtemps fermé aux femmes. Ancienne ministre de la Sécurité économique, elle se veut la gardienne des « valeurs traditionnelles japonaises » et prône un retour à la fierté nationale. Elle souhaite réviser la Constitution pacifiste, renforcer l’armée face aux menaces régionales, soutenir l’innovation technologique et stabiliser une économie frappée par le vieillissement démographique.
Sa nomination historique suscite à la fois enthousiasme et prudence. Si certains saluent un progrès pour la représentation féminine, d’autres rappellent ses positions conservatrices sur les droits des femmes et des minorités. Des associations de défense de l’égalité estiment qu’elle « brise le plafond de verre sans le remettre en question ».
L’ambassade des États-Unis à Tokyo a salué « une étape significative pour la démocratie japonaise », tandis que Taïwan s’est félicitée d’un « nouveau chapitre prometteur » dans les relations bilatérales. En revanche, la Chine et la Corée du Sud ont exprimé des réserves, redoutant un durcissement des positions diplomatiques de Tokyo.
Première femme à s’installer à la tête du gouvernement japonais, Sanae Takaichi promet de conduire l’archipel avec « discipline, fierté et responsabilité ». Reste à savoir si cette pionnière parviendra à concilier tradition et modernité dans un pays en quête d’un second souffle.
Ezéchiel Dagbégnon PADONOU