Le Belge Marc Brys, entre théâtre et chantage. L’annonce d’une démission, une courte célébration des pro-Eto’o puis coup de théâtre, dans la foulée, un démenti de Marc Brys. Tout s’est joué en quelques heures sur les réseaux sociaux.
Ça ressemble à un rôle bien rôdé de Brys dans le film camerounais.
Marc Brys est devenu un personnage central d’un feuilleton typiquement camerounais. Utilisé par le ministre des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, contre Samuel Eto’o, il a rapidement intégré les codes et les logiques propres au paysage politico-sportif du pays. Il joue comme il veut, bien que tiraillé entre deux camps rivaux, à savoir le ministère et la Fédération camerounaise de football. Brys est à la baguette. Il a su faire pression médiatique pour obtenir ce qu’il veut. Redevenir important aux yeux de son ami le ministre, et des pro-ministères. Il utilise ce qu’il considère comme son poids symbolique dans la guerre d’influence qui oppose les deux institutions. Il sait qu’un départ précipité serait un revers pour le ministre. Et il en joue. En réalité, s’il partait, ce serait une délivrance pour la Fédération camerounaise de football, qui ne le veut plus à la tête des Lions Indomptables du Cameroun.
Brys, c’est un acteur. Il joue son rôle avec talent dans ce film aux multiples rebondissements qu’est le football camerounais. À force d’habileté et d’opportunisme, il est devenu un véritable Camerouno-Belge. Il maîtrise l’art du double discours, du théâtre médiatique et du chantage politique.
Prétexter deux mois d’impayés, d’instabilité, pour envisager une démission ne tient pas la route en Afrique. Il serait actuellement en Belgique ; info ou intox, difficile de donner une réponse claire. Son courrier serait envoyé depuis le Cameroun. Qu’à cela ne tienne, il annonce une démission, puis après, un démenti formel de celui qui est devenu finalement l’acteur principal de ce feuilleton interminable. A-t-il démissionné ou non ? Au Cameroun, tout est possible. Chacun tire le drap de son côté, alimente les débats, alourdit les tensions, sans jamais vraiment chercher une solution durable.
Brys n’est pas seul responsable, mais il est devenu le symbole de cette situation. Tant qu’on continuera à instrumentaliser les hommes au lieu de bâtir des institutions fortes, le football camerounais restera prisonnier de la polémique et de ces jeux d’intérêts.
Hugues Zinsou Zounon