J’avais, la dernière fois, fustigé le fait que la démocratie béninoise ne trouve défenseurs et prometteurs que quand des acteurs se découvrent un destin présidentiel tout en nuançant qu’il y a tout de même quelques uns qui vont à sa défense sans avoir en bandoulière une ambition présidentielle.
L’abbé Arnaud Eric Aguénounon fait partie de ces « quelques uns », je pense dans la foulée aussi à Vincent Folly de regrettée mémoire.
Ces personnes appartiennent à une caste bien étroite de citoyens qui sont au chevet de la démocratie béninoise avec force et surtout courage, puisque du courage, il en faut un gros pour écrire LE POUVOIR DU DÉNI, CHRONIQUE D’UNE DEMOCRATURE ASSUMÉE, un livre du jeune prêtre Directeur de « Chant d’oiseau » à Cotonou.
Quand je vous parle de courage, moi qui ne suis pas un pleutre, un timoré de la pire espèce n’en a pas assez pour relayer les bonnes feuilles de l’ouvrage alors même qu’elles ne sont pas des brûlots décochés en direction Talon et sa galaxie.
Mais dans un contexte de chape de plomb sur la liberté de ton et la liberté d’expression où toute opinion devient délit voire crime quand elle ne sert pas la chapelle rupturienne, je n’ose pas mais ose vous parler du courage qu’à le Père Arnaud Éric Aguénounon à écrire ce livre.
Un livre dénonçant un chantier de développement qui ravage tout sur le chantier des Droits de l’Homme. Il a posé en la matière la dialectique qui consiste à construire un capital bénéfice mais à détruire dans le même temps dans ses droits et dans ses aspirations le citoyen bénéficiaire.
Des perles, il n’en manque dans cet ouvrage. Certaines me sont spécialement restées :
» il est mis en avant les pierres et les hommes n’existent que pour chanter la beauté des pierres » ou celle-ci :
» les routes en chantier, les infrastructures en cours de construction constituent des tâches régaliennes de tout régime politique. C’est un acte de gouvernement ordinaire. Hisser cela comme la prouesse d’un régime tel qu’on le fait depuis toujours est un abus »
Voilà un auteur-citoyen lucide sur les devoirs d’un gouvernement et engagé sur la défense des droits du citoyen même dans une cité en construction.
Arnaud Éric Aguénounon n’a pas réclamé que de droits dans son ouvrage-courage, il a aussi réclamé justice, justice pour ceux qui sont tombés sous les balles de leur propre République parce que enquête de scrutin législatif inclusif en 2019.
Pour lui, aucun décret, aucune armistice ne peut effacer ni des mémoires ni des prétoires ces faits d’une gravité rare et d’une tache indélébile sur la République.
LE POUVOIR DU DÉNI, CHRONIQUE D’UNE DEMOCRATURE ASSUMÉE vaut un petit détour de lecture au nom de la très chère démocratie, thème encore abordé dans un nouvel ouvrage du même auteur auquel votre humble serviteur que je suis a participé de modeste manière.
Constant Sinzogan
