En prison depuis janvier 2020, et bien que souffrant, rien n’émousse la détermination de Prudence Ayodélé Biaou autoproclamé « Général Faletti ». Dans une série de courriers adressée au Garde des Sceaux et aux présidents de plusieurs institutions, le locataire de la prison civile d’Akpro- Missrété dénonce l’instauration du « permis de communiquer en ligne » et le qualifie d’une « entrave aux droits fondamentaux des personnes détenues ».
C’est l’une des voix fortes des milieux carcéraux béninois. Depuis 2020 qu’il séjourne à la prion civile d’Akpro Missrété, le « Général Faletti » ne manque aucune occasion pour réclamer plus d’humanité dans nos prisons et défendre ses droits et celui de ses camarades. Le 02 juin dernier, il a adressé des courriers au Ministre de la justice, au Procureur Spécial de la CRIET, aux Présidents de la Cour Constitutionnelle, de la Commission Béninoise des Droits de l’Homme(CBDH) et au Directeur Général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin(APB), des lettres ouvertes dont le journal Le Patriote a obtenu copie. Dans ces courriers dont l’objet est intitulé « Inaccessibilité du permis de communiquer en ligne, entrave aux droits fondamentaux des personnes détenues ». Dans ledit courrier, le « Général Faletti » soulève à la fois l’inaccessibilité de cet outil informatique et son inadaptabilité au contexte béninois. « Présentée comme une réforme administrative, cette mesure constitue en réalité une atteinte grave au droit fondamental de visite, garanti tant par notre constitution que par les conventions internationales auxquelles le Bénin fait partie », déplore-t-il.
Accessible sur permis.justice.bj, la plateforme demande des renseignements ( numéro NPI, adresse, nom, prénoms, type de pièce, référence de pièce…) sur les avocats, les commis/aide juridictionnelles et les détenus et le téléchargement des pièces. Mais à côté du permis de communiquer que doit obtenir tout avocat avant de rendre visite à son client, il y a le permis de visite indipensable pour les parents des détenus. Dans un contexte où la grande majorité des parents de détenus sont pour la plupart des analphabètes, vivant en zone rurale et ne maîtrisent pas l’usage de l’internet, une telle plateforme devient une vraie gageure.
Qu’il vous souvienne, le gouvernement a pris tout récemment la décision de mettre en application dès le 1er août prochain les dispositions du décret n°2024-1153 du 9 octobre 2024 portant organisation et régime intérieur des établissements pénitentiaires en République du Bénin. Sauf dispositions législatives contraires, toute visite à un détenu, à l’exception de celles des autorités judiciaires et de la commission de surveillance, est soumise à la présentation d’un permis de visite ou d’une autorisation délivrée par l’autorité compétente. C’est ce que demande désormais l’Apb aux visiteurs. « Le permis de visite ne peut être délivré qu’à titre individuel. Il peut être ponctuel, permanent ou exceptionnel », comme le stipule l’article 115 dudit décret qui renseigne aussi que pour les visites conjugales ou affectives, les mesures sont plus ou moins allégées. Le même article clarifie le contenu des différentes autorisations et indique qu’elles sont données pour une visite déterminée, tout en ajoutant qu’à titre exceptionnel le ministre chargé de la Justice peut les délivrer.
Dans son courrier, le « Général Faletti » dénonce également plusieurs autres injustices qui minent les milieux carcéraux.
Arrêté en janvier 2020 et incarcéré à la prison civile d’Akpro-Missrété, Prudence Ayodélé Biaou qui s’est autoproclamé « Général Faletti » avait été condamné le 9 novembre 2024 par la CRIET à dix ans de prison ferme pour « atteinte à l’intégrité du territoire » après les violences post-électorales de 2019 dans les Collines.
Les demandes de Prudence Faléti
Dans sa correspondance ,Prudence A.B. Faléti a formulé certaines demandes notamment l’annulation immédiate de la mesure numérique, imposée sans concertation ni considération sociale ; la mise en place d’alternative physiques accessibles à tous ( commissariats ,mairies , centres communautaires) et l’ organisation d’ une consultation ouverte avec la société civile ,les défenseurs des droits humains et les familles concernées , avant toute réforme touchant aux droits en détention. «Dans une République digne de ce nom, l’accès à la justice et aux droits humains ne doit jamais dépendre à un téléphone, d’un forfait internet ou d’un diplôme », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « je ne peux accepter qu’une réforme bureautique soit utilisée pour faire taire , isoler ou exclure ».