Le Tchad et le Sénégal ont annoncé des décisions majeures concernant la présence militaire française sur leurs territoires. Tandis que le Tchad met fin aux accords de défense signés avec Paris, le Sénégal exige la fermeture des bases françaises, justifiant ces choix par un désir de privilégier la souveraineté de leurs nations. Mais les deux pays ont assuré du maintien des relations diplomatiques avec l’ancienne métropole.
Plus de base militaire française à N’Djamena et à Dakar. Le Tchad et le Sénégal ont décidé de rompre leurs accords militaires avec l’Hexagone. Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a indiqué à l’ AFP, ce jeudi que la France allait devoir fermer ses bases militaires dans son pays. « Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de base militaire dans un pays souverain », a-t-il justifié. Il a avancé que cette volonté de changer de cap en matière de doctrine militaire avec la France, intervient aussi dans une idéologie d’évolution d’accord militaire avec tout autre pays. « La mise à jour de notre doctrine militaire n’est pas seulement portée sur la question de la présence militaire, elle va au-delà. Elle impose évidemment qu’il n’y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal, mais elle impose aussi d’autres évolutions dans la coopération militaire avec ces différents pays qui entendent encore la maintenir avec le Sénégal », a-t-il précisé.
De son côté, le Tchad a annoncé ce jeudi 28 novembre à travers un communiqué ministériel, la fin de ses accords de défense avec la France. Selon le ministre tchadien des Affaires étrangères, cette décision reflète la maturité et la souveraineté du pays. Ce choix intervient après une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France. « La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté », a relevé le ministre des affaires étrangères tchadien.
Pas de rupture des relations diplomatiques
Malgré ces décisions, ni le Tchad ni le Sénégal ne souhaitent rompre leurs relations avec la France. À N’Djamena, le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a souligné par appel téléphonique à l’AFP, que la décision tchadienne, bien qu’historique, n’est pas une « rupture » avec Paris, contrairement à ce qui s’est produit dans d’autres pays comme le Niger ou le Burkina Faso. Le communiqué ministériel stipule plutôt qu’elle résulte d’une « analyse approfondie » pour redéfinir les partenariats stratégiques et aligner les accords militaires sur les priorités nationales.
Le Président Bassirou Diomaye Faye durant son entretien avec l’AFP, a évoqué que la diplomatie entre Paris et Dakar demeure. «La France reste un partenaire important pour le Sénégal au regard du niveau d’investissements, de la présence de sociétés françaises et même de citoyens français qui sont au Sénégal», a assuré le président. Il également rassuré que «présence ou absence militaire ne doit pas être égale à rupture». Pour lui, cette réforme dépasse la seule question de la présence militaire étrangère.
Ezéchiel D. Padonou