Ce mois d’Octobre a été l’un des plus macabres de la République. En moins de deux semaines, douze corps ont été retrouvés dans quatre communes différentes du Bénin. Une vague de terreur et de psychose qui met fin à l’embellie sécuritaire que connaît le pays depuis 2016 et jette les populations dans l’incertitude du lendemain.
Y a-t-il des escadrons de la mort au Bénin ? En moins de deux semaines, 12 corps ont été retrouvés dans tout le pays. Les uns criblés de balles, les autres en putréfaction avancée et un autre égorgé. D’Aja Ouèrè à Djougou en passant par Bonou et Adjohoun, les populations ont fait des découvertes macabres et vu des images insupportables. Le 02 octobre à Adja Ouèrè, trois corps criblés de balles ont été retrouvés au bord d’une voie à Adja Ouèrè. Parmi ceux-ci, celui de Herman Binazon dit Mano, promoteur du bar Mano Mano à Akassato. Le 22 août, il avait été embarqué, avec deux de ses amis, dans son bar par des individus qu’il semblait connaître. Son corps et celui de ses amis seront retrouvés plus de 40 jours plus tard loin à Adja Ouèrè, loin du lieu où ils ont été pris pour la dernière fois. Le 05 octobre, à Sissèkpa dans la commune d’Adjohoun, trois autres corps presque en décomposition ont été retrouvés par des enfants. Presque en décomposition, ils n’ont pu être identifiés, sûrement tués loin de là. Deux jours plus tard, soit le 07 octobre, 3 nouveaux corps sont découverts à Bonou eux aussi criblés de balle. A Dogbo le 11 octobre, on retrouve deux corps dans le quartier Foncomè. La série funeste est clôturée par Djougou où Virtus Tohoungba, un jeune ingénieur des TP revenu fraîchement au pays a été égorgé dans la nuit du 10 au 11 octobre dans une chambre d’hôtel. En récapitulant, on se rend compte que ces crimes ont été perpétrés dans cinq communes différentes dont deux dans l’Ouémé, une dans le Plateau, une dans le Couffo et une dernière dans la Donga. Depuis, les populations ne savent plus où se donner la tête et se demandent ce qui se passe dans le pays. « Si en plus de la morosité dans laquelle nous vivons depuis quelques années on doit craindre pour notre vie, c’est vraiment triste. Les autorités doivent nous rassurer », nous confie un quinquagénaire rencontré à Porto-Novo.
Silence inquiétant
Ce qui aggrave la psychose des populations c’est le silence à la fois des autorités politiques au sommet de l’Etat que celles qui dirigent la Police Républicaine. « On voit des cadavres tout le temps dans le pays et aucune autorité ne réagit pour nous rassurer », se désole M. Pierre A vivant à Abomey-Calavi. On ne comprend pas pourquoi, face à cette série de crimes, aucun responsable de la Police Républicaine ne réagit. Pourtant, c’est elle qui a pour mission de veiller à la sécurité des personnes et des biens à l’intérieur du pays. Ce mutisme aggrave davantage l’état d’âme des populations qui n’étaient guère rassurées face à la recrudescence des actes terroristes dans le septentrion. En gardant ainsi le silence sur ces cas, les autorités feignent d’entretenir à dessein un pourrissement afin d’habituer les populations à accepter ce genre d’actes. Il s’agit, ni plus, ni moins d’un virage dangereux qui va engendrer in fine une situation sécuritaire précaire qui peut ouvrir la voie à toutes les exactions possibles. Le silence des autorités, surtout celles de la police, aggrave la peur des populations autant qu’il ravive des soupçons. La sécurité est l’une des premières fonctions régaliennes de l’Etat. Que vaut un Etat qui se modernise, si un minimum de sécurité n’est pas garanti pour la sécurité des personnes et des biens ?