Le 11 juillet 2024, la communauté africaine à l’instar du Bénin a célébré la journée africaine de la lutte contre la corruption. Reçu ce dimanche 14 juillet 2024 sur l” émission “ A l’Ombre du Grand Baobab ” de la radio Tokpa, le Président du Front des Organisations Nationales contre la Corruption ( FONAC) , Jean-Baptiste Elias a opiné sur la lutte contre la corruption et le blanchiment d’ argent en Afrique .
Selon le président du FONAC,” les chefs d’État et du gouvernement de l’Union africaine, conscients du danger et du ravage que créent la corruption dans notre continent ont décidé le 11 juillet 2003 de signer la convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption” et que “suivant toujours l’évolution de ce fléau qu’est la corruption sur le continent africain, ils ont décidé de faire du 11 juillet chaque année la journée africaine de lutte contre la corruption” . Pour lui, c’est “parce qu’il est question d’inviter tous les Africains où qu’ils se trouvent sur le continent à réfléchir à la manière de faire pour qu‘à défaut de faire cesser, la corruption puisse reculer sensiblement sur notre continent”.
C’est pour cela que selon le président Jean -Baptiste Elias,”chaque année, un thème est choisi pour que nous puissions réfléchir tout au long des 365 jours sur comment il faudrait faire pour que la corruption puisse régresser sur notre continent”. “Et cette année 2024, le thème choisi est comment faire pour libérer, pour préserver, pour sauvegarder les lanceurs d’alerte”. Le thème étant la protection des lanceurs d’alerte” a-t-il indiqué. L’intérêt de la célébration de cette journée, selon Jean-Baptiste Elias, est que “ les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine ont mesuré l’évolution de la lutte contre corruption sur notre continent depuis 2003 que la convention a été signée” et que “ce n’est qu’en 2017 que les chefs d’Etat ont décidé de décréter une journée africaine de lutte contre la corruption “. Il a expliqué que “de 2003 à 2017, les chefs d’Etat ont suivi l’évolution malgré qu’il y ait eu cette convention, malgré que cette convention soit rentrée en vigueur, malgré qu’on ait commencé par appliquer le contenu de la convention, le mal ne recule pas”.
Les dirigeants africains, dit-il, “se sont rendus compte que le texte seul ne suffit pas pour enrayer ou pour faire diminuer la corruption”. C’est pour cela que selon ses dires, ces derniers ont préconisé qu’” il faut que ça soit des hommes et des femmes qui s’en occupent”. Ils ont également, dans la convention, prévu que les structures étatiques, les structures de la société civile, les structures du secteur privé vont se mettre ensemble pour lutter contre la corruption”. Pour le président du Front des Organisations Nationales contre la Corruption, “les dénonciateurs constituent un élément clé pour réussir la lutte contre la corruption”. C’est pour cela qu’”il faut les protéger parce qu‘ils sont sujet à de représailles”. ”En Afrique, très peu de pays ont pris des dispositions législatives pour protéger les lanceurs d’alerte” a-t-il lâché.
L’application des textes posent problème
En Afrique, selon Jean-Baptiste, il y a le problème de l’application des textes. “ Pour ce qui concerne notre sous région, il y a eu le protocole de la CEDEAO contre la corruption signé le 21 décembre 2001 à Dakar qui est rentré en vigueur, les 15 Etats …. Le 11 juillet 2003 à Maputo en Mozambique, les Chefs d’Etat et du gouvernement de l’Union africaine ont signé la convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption puis le 31 octobre 2003 à Mérida au Mexique, les Chefs d’Etat et du gouvernement du monde entier ont signé la convention des Nations unies contre la corruption” a rappelé le Président du FONAC. Au niveau de chacun des textes qu’il vient de citer, il a déclaré que “sur les 54 États, on voit que la lutte contre la corruption a encore du plomb dans l’aile” . Car, affirme- t-il, “ça ne marche pas parce que la mise en application de ces textes pose problème et l’évolution de la bonne gouvernance pose problème” .
Les auteurs de la corruption
“Nous avons beaucoup de pays où les multinationales créent la situation de la corruption et beaucoup de dirigeants malheureusement s’adonnent à cette pratique malgré qu’il y a les textes, les structures, des institutions chargées de lutter contre la corruption” a précisé Jean-Baptiste Elias et que “ pour que ça puisse décoller, il va falloir que les dirigeants , les décideurs africains n’ ont seulement; affirment la volonté politique de lutter efficacement contre la corruption mais également appliquent les textes et donnent également priorité à ce qui est prévu dans les conventions et dans les textes qu’ ils ont signé afin qu’ au moment où l’ évolution doit se faire on arrive à avoir de bon résultats”. Il a précisé aussi que les politiques mises en place par les Etats quand on les scruter et les analyser, “sont de bonnes politiques mais c’est dans la pratique que le problème se pose”.
Suppression de la loi sur la déclaration de patrimoine
Le président du FONAC est revenu su l’absence de mise en place des structures de contrôle de la déclaration de patrimoine. “Au Bénin, depuis le 23 avril 2020, la loi 2020-09 du 23 avril 2020 a abrogé la partie concernant la déclaration de patrimoine pour tous les élus autrement dit les députés, les conseillers communaux, les maires” a-t-il fait savoir avant de poursuivre : “On a supprimé ça pour eux”. Il a ajouté ensuite que “le 29 septembre 2020, la loi 2020-23 a abrogé totalement la loi 2011-20 du 12 octobre 2011 portant lutte contre la corruption qui prévoit la déclaration de patrimoine” et que “depuis septembre 2020 à ce jour, le problème de la déclaration de patrimoine se pose au Bénin”. Poursuivant ses propos, il a souligné qu’“ il est dit dans la loi 2020-09 du 23 avril 2020 qu’un décret sera pris pour lister ceux des agents publics qui seront assujettis à la déclaration de patrimoine” et que “ depuis 4 ans, on n’a pas encore vu ce décret”. Jean-Baptiste Elias a rappelé que “lors de son travail de diagnostic, le Fonds monétaire international (FMI), invité par le Bénin lui-même, a constaté qu’ il y a ce problème qui se pose et a fait des recommandations pour que les choses puissent avancées”. Mais hélas, selon lui, “à ce jour 14 juillet 2024, le décret n’est pas sorti pour que l’on puisse savoir qui sont ceux qui sont désormais assujettis en dehors du président de la République et des ministres qui eux sont assujettis par la Constitution” et qu’“aujourd’hui, on ne sait pas qui est assujetti à la déclaration de patrimoine”. Il n ‘ a pas manqué de dénoncer le problème de clientélisme et les parents qui contribuent et encouragent à ce que la corruption puisse continuer.