Redaction
Les relations entre le Bénin et le Niger sont tendues depuis Juillet 2023, après le coup d’État qui a renversé le président Bazoum. De la fermeture des frontières à l’affaire qu’on peut désormais appeler « Pipeline Gate», les relations entre les deux pays sont devenues si sulfureuses que le dialogue entre les autorités au haut niveau est enrhumé. Niamey et Cotonou ne s’adresse désormais la parole que par médias interposés. Chacun justifie sa position, lève le ton et se radicalise.
Cette constipation diplomatique devenue quasiment maladive entre les deux pays est un échec de la diplomatie béninoise affectée par la ruse et la rage que la rupture a fait de sa méthode de gouvernance. Ceci, sans savoir que ce n’est pas tous les poissons qu’on braise et que ce n’est non plus partout qu’il faut montrer ses muscles. Mais que cherchent des anciens présidents qui plus sont de l’opposition dans le palabre de deux États frères ? En effet, lorsque deux personnes se bagarrent, il faut une troisième pour les séparer. Mais cette troisième personne devrait-elle vraiment être de l’opposition dans le cas d’espèce ?
De toute évidence, les plus sages qui puissent avoir de voix pour intervenir et se faire entendre dans cette dispute entre le Bénin et le Niger restent les anciens présidents béninois encore en vie à savoir Nicéphore Dieudonné Soglo et Thomas Boni Yayi. Dans la mouvance présidentielle, tout le monde est soumis. Aucune voix n’est assez courageuse et forte pour dire au chantre de la rupture ce qui est bon ou mauvais si cela ne sert d’abord l’intérêt du Chef. A cet effet, le bon réflexe pour des sages, expérimentés pour avoir déjà géré le même pays que Talon, c’est de se jeter à l’eau pour éviter au navire Bénin de chavirer car ce dernier est déjà menacé de naufrage. « Tout est au rouge au niveau de tous les secteurs d’activités à commencer par la vie sociale au Bénin. », confie sous anonymat, un observateur de la vie politique béninoise.
En ôtant leurs costumes d’opposants au profit de leurs «agbada» tout blanc d’hommes d’État soucieux du bien être de leurs concitoyens, Nicéphore Soglo et Boni Yayi veulent sauver ce qui reste des relations entre le Niger et le Bénin, réchauffer l’axe Cotonou-Niamey, remettre en marche les échanges commerciaux entre les deux États et redonner aux deux peuples la joie de «vivre ensemble». C’est leur devoir en tant que démocrates ayant géré le Bénin démocratiquement dans un passé pas trop lointain de se lance dans cette entreprise pour que la paix règne entre les deux pays et leurs peuples.
Toutes les voix au Bénin se lèvent contre la position des dirigeants béninois dans la gestion de cette crise qui se déteint déjà sur le quotidien du béninois lambda. Nicéphore Soglo et Boni Yayi en bon grands pères et donc sages du Bénin volent au secours du père de la Nation qu’est le Président Patrice Talon visiblement en difficulté, histoire d’éviter aux deux Nations sœurs, des situations dommageable s aux relations de bon voisinage reconnues aux deux États.
Que valent les démarches de Soglo et Yayi chez Talon ?
Les anciens présidents du Bénin échangent avec le président du Conseil National de Sauvegarde de la Patrie du Niger, Abdourahmane Tchiani pour dénouer la crise qui pollue les relations entre Cotonou et Niamey. Merveilleux n’est-ce pas ?
Mais Soglo et Yayi ont-ils reçu la bénédiction du Président Patrice Talon avant de se lancer dans cette démarche quoi que salutaire ? C’est là tout le problème. Si le président Talon n’a pas son cachet sur l’ordre de mission des deux anciens présidents, que vont-ils négocier avec Tchiani et comment le président béninois peut-il se retrouver dans l’éventuel accord que ces derniers auront conclu avec Niamey ? D’ailleurs, sur quelle base ou qu’elle offre le Bénin, représenté ici par Nicéphore Soglo et Boni Yayi, propose au Niger pour le dénouement de la crise si Patrice Talon et les anciens présidents ne se sont pas parlés et accordés ?
Autant de questions qui restent posées et dont les réponses pourraient éviter d’en poser d’autres à savoir, que vaudront les démarches de Soglo et Yayi chez Talon dans le dégel de la crise benino-nigérienne devenue infernale pour les peuples des deux pays.
Ce qui est quasi certain, Patrice Talon sait que Soglo et Yayi sont en mission au Niger. Et sans risque de se tromper, on pourra dire que c’est lui qui les a envoyés en sapeur pompier pour éteindre le feu que la ruse et la rage ont trop fait d’allumer. Les jours à venir édifieront.
Comlan Paul ODAH
CPO
