L’onde de choc de la fameuse déclaration des imams de Parakou le dimanche 23 juin 2024 continue de secouer la cohésion de la communauté musulmane du Bénin. Depuis, tout semble aller en vrille au sein de cette communauté où les déclarations se multiplient pour blâmer des imams qui ont eu une excessive liberté de ton face à un sujet politique aussi sensible que celui du Code Electoral.
Beaucoup de Béninois ne se rappellent pas qu’il y ait eu par le passé un sujet qui ait divisé autant les communautés religieuses au Bénin. Division inter mais aussi intra religieuse autour du Code Electoral voté nuitamment le 05 mars 2024. Le dernier exemple en date est celui de la communauté musulmane, après les égarements certes recadrés du pasteur Kponjesu Amos Hounsa, président de l’Eglise Protestante Méthodiste du Bénin (EPMB). Dimanche 23 juin donc, sur l’initiative de quelques hommes politiques, des imams se sont réunis dans une mosquée de Parakou pour prier pour la paix. Cette prière a été appuyée par une déclaration de soutien au Code Electoral alors que trois jours plus tôt l’Eglise Catholique revenait à la charge pour présenter les conclusions de son colloque. « L’Islam est une religion de paix. Il est régi par la loi et c’est par cette loi que le prophète Mahomed (Saw) a gouverné le monde musulman. À cet effet, nous appelons au respect des textes de la République, à la laïcité de l’État et surtout au Code Électoral voté par les députés et promulgué par le président de la République au nom de la cohésion nationale », a déclaré le président de l’Union islamique du Bénin (Uib), l’Imam El hadj Idrissou Boukary de la mosquée centrale de Bohicon. Cette déclaration va à l’encontre de la première posture de l’Union Islamique sur le même sujet.
En effet, le 05 mars 2024, l’Imam Ahmed Roufaï Mani, commissaire dialogue interreligieux de l’Union islamique du Bénin, et Saïbou Radji, membre du Comité permanent du dialogue interreligieux de l’Union africaine ont tous deux co-signé avec Monseigneur Roger Houngbédji et Kponjesu Amos Hounsa une déclaration dans laquelle ils invitent l’Assemblée Nationale à privilégier la paix et à ne pas voter une loi qui va exclure lors des prochaines élections. Depuis la déclaration de Parakou, plusieurs autres imams et des musulmans ordinaires et anonymes se sont désolidarisés de cette déclaration. Et depuis, la communauté islamique a perdu sa sérénité et sa cohésion. Sans s’en rendre compte, le Code Electorial a créé la zizanie au sein de cette confession religieuse qui semble bien souffrir des turpitudes de ses parents de certains de ces imams. On se rappelle bien que lors des élections législatives exclusives de 2019 et en dépit des vives contestations, un imam s’est fait élu crânement député sur la liste du BR. Le Code Electorale vient une fois encore exacerber les tares au sein de cette confession qui ressemble bien à un bateau sans commandant de bord.