L’enseignement supérieur se dégrade au Bénin. Depuis 2016, il n’a bénéficié d’aucune attention de la part du régime dit de la Rupture. Si le tableau n’était guère reluisant depuis 1970 – où l’université d’Abomey-Calavi a été créée- force est de constater que depuis l’avènement du régime de la rupture n’a pas arrangé les choses. Dans une tribune parvenue à notre rédaction, un citoyen s’inquiète de l’indifférence du régime de la rupture au sous-secteur de l’enseignement supérieur. Sa tribune ressort les nombres d’ordre académique que social. « En 8ans de pouvoir, Patrice Talon n’a construit aucun amphithéâtre », déplore-t-il, affirmant que le manque de réformes a aggravé le ratio enseignant/ Etudiants qui est de 1enseignant/500 étudiants. A cela s’ajoutent le retard noté dans l’attribution des allocations universitaires et la délivrance des actes académiques, le manque de laboratoires et de bus, la mauvaise gestion des résidences universitaires…Lisez plutôt.
INTRODUCTION
Créée en 1970, l’Université d’Abomey-Calavi, autrefois connue sous le nom d’Université Nationale du Bénin, n’a cessé d’être confrontée à de nombreux problèmes qui minent son bon fonctionnement. Les différents gouvernements et régimes qui se sont succédé à la tête du pays ont pour la plupart du temps essayé d’apporter leur touche particulière afin que des solutions idoines soient trouvées à ces maux. Malheureusement, force est de constater que les nombreuses politiques publiques qui ont été élaborées et mises en œuvre depuis des décennies n’ont pas réussi à corriger sur le long terme, les problèmes de ce haut lieu du savoir. Le pire est que depuis 2016, le gouvernement béninois sous l’égide du Président Patrice TALON est devenu totalement insensible aux problèmes de l’Université d’Abomey-Calavi, malgré les doléances et les cris de cœur des étudiants portés par les organisations estudiantines, principaux syndicats des étudiants. Ces problèmes se déclinent sous deux volets principaux à savoir: le volet académique et le volet social.
Les problèmes d’ordre académique
Au plan académique, nous avons les problèmes tels que:
Le manque d’enseignants dans les facultés et écoles entraînant une forte disproportion entre l’effectif des étudiants et celui des enseignants. Il est très courant de voir des entités avec des groupes pédagogiques comportant 2.000 à 3.000 étudiants chacun donnant ainsi un ratio enseignant-étudiant de 1 enseignant pour 300 étudiants ou 1 enseignant pour 500 étudiants; ce qui est non-conforme aux exigences du système LMD qui recommande un maximum de 250 étudiants par groupe pédagogique. Cela amène les enseignants à se retrouver face à des milliers de copies à corriger, entachant de fait la crédibilité de la formation et des diplômes délivrés.
L’indisponibilité d’amphithéâtres en quantité suffisante et en qualité requise. A ce niveau, il est important de souligner que le gouvernement du Président Patrice TALON n’a construit aucun amphithéâtre depuis sa prise de pouvoir. Chaque année, l’effectif des étudiants régulièrement inscrits dans les facultés est compris entre 3.000 et 7.000, or l’Université d’Abomey-Calavi ne compte que des amphithéâtres de capacité de 500 à 750 places et un seul amphithéâtre de 1.000 places. La conséquence directe est que les salles de cours sont souvent surchargées ne donnant libre accès qu’aux premiers venus. Les étudiants sont parfois obligés de s’asseoir sur les briques et les morceaux de bois en lieu et place des bancs ou chaises.
Le retard criard dans la délivrance des actes académiques. Il n’est pas rare de constater que malgré les multiples notes de services du Rectorat, les responsables des Unités de formations et de Recherches (UFR) observent un retard inexplicable (soit 6 mois à 3 ans après l’introduction de la demande) dans la délivrance des actes et titres académiques. Ainsi, un étudiant ayant fini sa formation se retrouve dans la grande difficulté d’obtention de son diplôme en vue de postuler à des bourses ou à des recrutements.
Le manque de laboratoires équipés pour les étudiants en sciences techniques. De nos jours, avec les progrès fulgurants observés partout dans le monde dans le domaine scientifique, l’Université d’Abomey-Calavi comportant le plus grand centre polytechnique du Bénin ne dispose pas de laboratoires avec des équipements modernes dignes de notre époque. Ceci rend les étudiants formés dans cette université non compétitifs sur le marché de l’emploi.
La grande difficulté d’accessibilité à une meilleure documentation dans les bibliothèques existantes. Bien qu’il existe une bibliothèque centrale et des bibliothèques spécialisées, les documents qui s’y trouvent sont révolus et non-adaptés aux réalités actuelles du monde; ce qui affecte considérablement la qualité des résultats des recherches.
L’indisponibilité de salles informatiques équipées pour les recherches académiques.
Les problèmes d’ordre social
Au plan social, nous avons les problèmes tels que:
Le retard dans l’attribution des allocations universitaires (Bourses et secours universitaires). En 2017, un nouveau décret a été pris par le Chef de l’Etat pour régir le mode d’attribution des allocations aux étudiants réduisant considérablement les possibilités d’obtention des bourses et secours. L’argument principal avancé à l’époque par le gouvernement était la rationalisation des ressources budgétaires de l’Etat à travers le système de quotas et cela devrait permettre aux étudiants d’obtenir leurs allocations à temps et de façon mensuelle. Ce qui n’est pas du tout le cas actuellement. Les étudiants attendant parfois jusqu’à la fin de l’année pour obtenir une partie de leurs allocations et le reste, l’année suivante.
L’indisponibilité des bus universitaires pour desservir les étudiants résidant dans les communes voisines. Si le régime du Président Boni YAYI a laissé au moins six (06) bus actifs pour le transport universitaire, il faut reconnaître que le gouvernement de Patrice TALON n’a fourni aucun effort en vue d’entretenir à tout le moins ces bus, à défaut d’en acheter de nouveaux. Aujourd’hui, la mauvaise gestion du transport universitaire par le Centre des Œuvres Universitaires et Sociales d’Abomey-Calavi a rendu le secteur du transport universitaire inexistant à l’Université d’Abomey-Calavi.
La mauvaise gestion des résidences universitaires par le COUS-AC. Ceci entraîne de nombreux problèmes, avec notamment des retards récurrents dans l’octroi des dotations aux étudiants hébergés. A cela s’ajoutent les coupures répétées d’eau et d’électricité dans les résidences rendant de ce fait pénible la vie dans les résidences. Il convient de notifier aussi l’insécurité qui règne dans les résidences, favorisant vols et agressions. De même, les bâtiments abritant les étudiants n’ont pas fait l’objet de rénovation depuis des lustres, malgré leur état de vétusté avancée.
L’insuffisance de la couverture sanitaire aux étudiants. Bien que l’Université d’Abomey-Calavi compte à ce jour plus de 50.000 étudiants, il n’existe qu’une seule petite infirmerie incapable d’offrir des soins de qualité aux étudiants. Les étudiants sont obligés de se débrouiller dans d’autres centres de santé de la place en cas de crise ou de malaise.
CONCLUSION
Face à ce constat accablant, il est plus qu’urgent que les autorités compétentes prennent la mesure de ces enjeux et agissent sans tarder pour redresser la situation. Il s’avère davantage plus important que des politiques publiques plus efficaces et durables soient mises en œuvre en vue de la satisfaction totale des problèmes des étudiants. Ainsi, l’Université d’Abomey-Calavi pourra retrouver ses lettres de noblesses car, comme le disait Victor Hugo “L’école est sanctuaire autant que la chapelle”.