Tout avait pourtant bien commencé par lui : une intrépidité inouïe face au chef jamais contesté ou mis à défaut, un « dur à cuir » qu’aucun collaborateur n’ose affronter. La presse relate que le 06 octobre 2023, Oswald Homeky aurait eu une discussion assez musclée avec le chef de l’Etat, discussion après laquelle il aurait remis sa démission. Patrice Talon reprocherait à son ministre d’avoir eu une liberté de ton sur la succession en proposant un candidat en violation de l’esprit du nouveau code électoral. Une outrecuidance rare pour avoir osé dire, oser affronter le « chef » et oser démissionner au lieu de se laisser remonter les bretelles comme d’habitude. C’est ce que Candide Azannaî appelle « l’effet Homeky » chaque fois qu’il veut allusion à la « doctrine électorale » de Patrice Talon contenue dans le nouveau code électorale et faite d’exclusion et d’incertitudes. Depuis, le jeune ministre connaît une éclipse, une vraie éclipse totalement aux antipodes de ses années de gloire au gouvernement. Entre 2016 et 2019, il était devenu presque le ministre le populaire du gouvernement. Une popularité fulgurante qu’on pouvait coter presque en bourse en juin et juillet 2019 pendant la Coupe d’Afrique où le Bénin a fait son meilleur parcours de la compétition allant jusqu’en quart de finale avant de se faire éliminer difficilement par le Sénégal.
Il avait, bien avant cela, taillé une solide réputation de leader politique en se faisant remarquer à la tête du Front pour l’Alternance en 2016(FA 2016), mouvement qui lui a permis d’œuvrer pour l’alternance en 2016 en soutenant la candidature de Patrice Talon. Ce dernier l’a presque « débauché », pour utiliser ce thème politique vulgairement utilisé au Bénin, alors qu’il officiait dans la galaxie d’Abdoulaye Bio Tchané. C’est en dépit de tout cela que la copie de communication présentée dimanche dernier par Oswald Homéky laisse à désirer. Elle est presque identique à celle des dernières élections législatives où le tout puissant ministre avait essuyé une humiliation qu’il a voulu camoufler par l’humour du « Dj Vava » qui cherchait à faire un featuring avec un artiste donné.
A Lokossa, ce jour, les imprudences verbales d’Homeky n’ont vraiment pas servi la cause de son futur candidat. Morceau choisi : « Il faut faire la démarche en se disant quel est le besoin du pays d’abord. A quoi les Béninois aspirent. Et la réponse est unanime. Vous allez partout au Bénin, les Béninois disent une seule chose : « on veut un président qui va poursuivre la modernisation du pays en terme d’infrastructures mais avec du social ». Donc si on dit ça, que le profil est déjà établi, il nous revient à nous de dire quelle est la personne parmi nous qui, si on la met là peut poursuivre et en même temps venir faire ce qui nous a manqués. C’est en faisant cet exercice que nous nous avons estimé que la personne la plus indiquée serait Olivier Boko ». Quels Béninois Oswald Homeky a rencontrés et qui lui ont dit qu’ils veulent infrastructures + social ? Les mêmes qui l’ont empêché d’être député ? Homeky se hasarde sur un terrain glissant sans des chaussures appropriées en faisant de telles déclarations non seulement parce que les opinions qu’il a pu collecter sont forcément éparses, marginales, ne peuvent faire ni l’unanimité, ni autorité et ne sont que celle de 2024 alors que l’élection a lieu en 2026. Il dit que « le profil est déjà établi et qu’il nous revient… ». Selon lui donc, les Béninois ont fait le choix que le prochain président de la République sera issu des rangs de la mouvance présidentielle ? De quoi parle l’auteur ? Selon son raisonnement et sa logique, c’est qu’il a un courant majoritaire qui veut infrastructures plus du social. Ce courant a choisi le profil du prochain président de la République en fonction de ses aspirations et ce choix est porté sur un homme de la majorité actuelle et en foncton du profil, eux les « nous » détenteurs de la souveraineté ont vu que c’est Olivier Boko. Il ne s’agit ni plus, ni moins que du mépris pour ce peuple, d’une mauvaise lecture de la réalité politique qu’il est censé connaître et une arrogante du discours qui compromet son projet. Il connait l’erreur de croire qu’il a une alternance et une alternative possibles avec les mêmes personnes qui ont fait que tout le monde dit « ça ne va pas » que lui-même l’a reconnu. En 2015, alors qu’il était en campagne, Patrice Talon avait conçu son discours politique en marquant une rupture radicale avec le pouvoir Yayi qu’il a pourtant soutenu pendant 7 ans(de 2006 à 2012) et en refusant d’assumer une once du mandat. Pourtant, tout n’y était pas mauvais. En présentant cette candidature sous ce format, Homeky provoque l’ego des Béninois qui ont la réputation de voter toujours « contre », et la sociologie politique béninoise n’a jamais démenti cela. Quel génie Homeky inspiré ce jour ? Tout sauf le saint esprit en tout cas.