La scène politique béninoise est riche depuis quelques jours d’événements. Reçu le mardi 21 novembre 2023 sur la chaine de la télévision en ligne BL TV, le philosophe politique, écrivain essayiste, analyste politique et spécialiste des relations internationales, le Père Eric Aguénounon s’est prononcé entre autres sur les inquiétudes du parti Les Démocrates au sujet de la transparence des élections présidentielles de 2026. Pour l’analyste politique, dans les réalités socio-politiques, il y a ce que ressent d’une part « le joueur » et d’autre part « il y a ce que voit le spectateur ». « Moi, je ne suis pas joueur. C’est eux qui sont joueurs. C’est eux qui ressentent l’effet de la chaleur sur le terrain et c’est eux qui ratent des buts ou marquent des buts et c’est eux qui trouvent que l’arbitre » est corrompu selon le Père Aguénounon avant d’ajouter que « nous, en tant que spectateur, on veut le beau jeu et on veut la victoire selon le camp où on est ». Il a déclaré que lui, en tant que spectateur spécifique, il n’a pas de camp et que ce qu’il souhaite est que « le meilleur gagne pour le bien de tous et pour le bien du pays ».
Le philosophe politique a laissé entendre que depuis 2016, la vie politique a connu un autre visage. Car dit-il « il y a d’autres stratégies politiques » et « d’autres stratagèmes qui ont eu lieu ». Le spécialiste des relations internationales a précisé aussi que « l’opposition a connu un éclatement majeur » et que « c’est maintenant qu’on sent un certain regroupement au niveau des Démocrates ». Il se réjouit que ces derniers soient au parlement. Mais pour l’écrivain politique, « être au parlement ne suffit pas dans la chaine du processus électoral » et qu’il y a d’autres organes ». Mais selon lui, « s’ils ne sont pas dans ces organes, c’est peut-être entre temps, ils n’étaient pas au parlement ». « Entre 2023 ou 2024 et 2026, qu’est-ce qui est faisable pour qu’ils soient dans ces organes-là ? Est-ce qu’au plan juridique quelque chose est faisable ? Qu’est-ce que la loi prévoit ? » s’est-il demandé.
Pour le Père Eric Aguénounon, « si la loi ne prévoit rien alors il restera le terrain diplomatique et le terrain politique » . « Comment eux -mêmes vont négocier pour se trouver à tel ou tel endroit pour que leurs doléances ou tout ce qu’ils disent soient reçues, accueillis ? » a-t- il signifié . Pour le philosophe politique, « il n‘y a pas que la présence dans les organes politiques qui comptent mais il y a aussi la présence sur le terrain ». Il a souligné que « lorsqu’il aura élection effectivement, est-ce qu’ils auront effectivement des représentants dans tous les bureaux de vote ? Est-ce que ces représentants-là auront de quoi manger, de quoi boire pour rester là toute la journée et suivent le dépouillement jusqu’à la fin. Est-ce qu’eux aussi ils auront mis en place un mécanisme de suivi pour convoyer les chiffres à leur siège pour compiler les chiffres ». Car cette dimension aussi selon le philosophe politique, elle est importante ceci pour « suivre l’élection de bout en bout, compiler les chiffres et comparer après avec les chiffres officiels en vue de telle ou telle réclamation ».
Mettre en place un système inclusif
Le spécialiste des élections internationales n’a pas manqué de faire savoir que « le président Yayi Boni et le président Patrice Talon sont des frères » et que ces derniers sont « deux faces de la même pièce ». Pour l’observateur politique, « c’est deux faces de la même pièce parce que Yayi Boni a fait dix ans et le Président Talon a fait au moins 7 années avec Yayi Boni». C’est pourquoi, il pense que « si les deux s’asseyent et discutent, quelque chose est faisable ». Selon lui, « c’est possible qu’ils s’asseyent parce qu’ils sont tous béninois et le pays est au-dessus de leur personne, de leur personnalité ». Le Père Eric Aguénounon a révélé que « dans nos cultures, dans nos traditions, on n’a pas pu mettre le pays au-dessus » et « on pense à soi-même ». « Notre culture, notre tradition, tout ce qui est endogène même ne nous aide t pas à mettre l’Etat au-dessus de nous. On se célèbre soi-même. Et dans nos traditions, on a du mal à pardonner » a-t-il lâché.
Au cas où la mouvance au pouvoir n’est pas disposée à revoir les cartes afin d’intégrer les membres de l’opposition dans les organes, l’analyste politique a fait une mise au point. Pour lui, « à l’heure actuelle, on n’est plus en 2019 » et « en 2021 ». Si tout va bien, si tout est normal, dans un monde normal dit-il « le président Talon est en train de finir » son mandat et que le souhait de tout Béninois, « c’est qu’il finisse bien, qu’il soit dans la quiétude en finissant et qu’il n’y ait pas la chasse aux sorcières ». Pour qu’il finisse bien selon le Père Aguénounon, « il faut que lui-même veuille mettre en place un système inclusif et pacifique pour qu’effectivement toutes les tendances de l’opposition, tous ceux qui voudraient aller aux élections puissent aller aux élections ». Mais il a fait savoir qu’« un Chef de l’Etat peut avoir une bonne volonté, l’amour du pays ».
Mais dans son entourage et dans l’entourage d’un chef d’Etat, il y a les purs et durs, les modérés et après les mi- figue, mi- raisin qui obéissent au Chef. « Mais parfois ceux qui sont purs et durs, ils s’imposent. Ceux qui sont modérés eux ils parlent et après le Chef va demander à ceux qui sont mi-figue, mi-raisin, oui oui nous sommes d’accord avec vous. Mais après les purs et durs, eux ils reviennent encore et c’est un jeu » a-t-il affirmé. Pour le Père Aguénounon , l’essentiel peut-être selon la stratégie qui va être en place et selon les candidats de la mouvance » . Car quand on voit la situation, le Président Patrice Talon « ne doigte à personne et ne choisit personne ». « C’est comme s’il dit allez-y, combattez-vous et que le meilleur passe » a-t-il fait savoir.