Loin de l’Elysée, du quai d’Orsay et des salons feutrés des multinationales françaises, une nouvelle forme de relations Afrique-France se met en place. En face de ces machines de l’impérialisme économique, des jeunes africains ont décidé de prendre leurs responsabilités dans le processus de libération de l’Afrique et de construction d’un nouvel modèle économique. C’est le sens du combat mené par les jeunes de l’Ong Jeunesse Action Développement(JADE).
L’Afrique lance, depuis quelques années déjà, les signes du renouveau. De Dakar à Kinshassa en passant par Bamako, Niamey, Ouagadougou, Libreville et N’Djamena, les peuples africains expriment leurs soifs de liberté et d’indépendance vis-à-vis « des puissances dominatrices ». Ce qui apparaît comme un ras-le-bol et une prise de conscience qui s’affichent de manière ostentatoire n’est que la forme visible d’un vaste programme de libération mijoté de manière profonde et variée par plusieurs générations d’africains. A côté des panafricanistes web 2.0 et autres activistes qui dénoncent dans les médias et les réseaux sociaux la forme d’asservissement des relations France-Afrique, il y a une masse critique d’africains, de plus en plus jeunes, qui a pris conscience de leurs statuts de peuples assujettis et travaille pour l’éveil des consciences.
C’est dans ce registre que s’inscrit l’Organisation non gouvernementale Jeunesse Action Développement(JADE). Réunis en Assemblée générale les 23 et 24 février derniers à Parakou, sous le leadership éclairé de M. Christian Désiré Houssou, réélu au poste de Président du Conseil d’Administration pour deux ans, l’accent a été mis sur la nécessité de la renaissance économique de l’Afrique francophone. Il a d’ailleurs rappelé que « la raison d’être de l’Ong JADE est la problématique du développement imaginé au départ par un système et une politique française faits pour endormir les africains ». Elle s’y emploie depuis sa création le 19 février 2022, à travers divers moyens que sont les séminaires, les conférences et ateliers, sur ce qui a pu détourner pendant longtemps le regard de toutes ces sommités de la science, de tous ces cadres formés en Occident comme à l’intérieur, de ce qui crée emplois, richesse et développement dans toute nation consciente de ces enjeux.
Montrer la voie
Ce groupe de jeunes atypiques qui se disent désormais lucides et aguerris restent conscients que c’est un grand pas en avant qu’il faut se résoudre à effectuer aujourd’hui pour faire savoir au monde le sens de leur démarche porteuse de tous les espoirs. Il s’agit avant tout de contribuer à faire modifier pour faire évoluer tous ces paradigmes de l’inertie dont sont encore porteuses les forces impérialistes. Ce travail a commencé par l’identification des manœuvres nées et entretenues par ces derniers. Ensuite, ils ont énuméré les facteurs qui ont favorisé et accentué l’endormissement et l’irresponsabilité chez tous ces ex colonisés, majoritairement. Enfin, ils proposent des voies de sortie et des solutions économiquement et socialement viables pour ces peuples. « À JADE Ong, tout semble bien parti pour montrer la voie et c’est déjà un éveil assumé et assuré », clame avec fierté Monsieur Houssou.
Il accuse un modèle économique qui vise à maintenir l’Afrique francophone dans la dépendance. « La politique économique imposée aux entreprises africaines est de les maintenir dans le secteur tertiaire. Elle s’emploie à contrôler avec une très grande ingéniosité toutes les voies qui devraient permettre aux émigrés et aux autochtones d’accéder aux savoirs techniques et d’ingénierie pure ainsi qu’aux moyens financiers qui libèrent les volontés créatrices. Essayer déjà de faire quelque chose, c’est signer la fin de l’hégémonie de la France et de ses entreprises sur les pauvres économies de ces nations», déplore-t-il. Et le mal paraît plus profond car comme l’a dit Joseph Ki Zerbo, « on ne développe pas. On se développe » mais malheureusement « la main mise de la France, par toutes ces organisations et ces agences dites de financement du développement qu’on ne nomme plus, sur nos modes de vie, pour influencer nos manières de consommer, nos manières de réfléchir et même de prier est le produit d’une inspiration permanente, dynamique et multiforme qui ne sert que sa politique ». Pour donner corps et envergure à ce nouveau narratif, l’Ong JADE envisage une grande conférence internationale au Bénin dans les mois à venir, sur le mal que constitue la françafrique et ses grands avatars que sont la francophonie, l’AFD …Pour autant il ne faut pas rêver. Le fait de dénoncer, de prendre de bonnes résolutions ne suffirait pas dans un tel contexte pour conjurer le mal qui est fait depuis des décennies aux africains.Il faut oser parler au monde de ce qu’on a sur le cœur.