Face à la hausse des accidents impliquant les motos, la Police républicaine veut mieux encadrer la conduite des engins à deux roues à travers l’instauration d’un permis de conduire. Une annonce saluée pour son ambition, mais qui soulève déjà des interrogations sur sa faisabilité et les moyens de sa mise en œuvre.
Dans sa volonté de freiner l’hémorragie des accidents de circulation, la Police républicaine sort l’artillerie lourde. Ce vendredi 31 octobre 2025, à Cotonou, lors d’un point de presse consacré au bilan de ses activités de septembre à octobre, la direction générale de la police a annoncé son intention d’instaurer un permis de conduire obligatoire pour les conducteurs de motos.
Selon le commandant divisionnaire Segbe Koffi Jean-Marie, directeur de la sécurité publique, les comportements à risque persistent malgré les multiples campagnes de sensibilisation. « Le non-respect du couloir de circulation est une infraction au code de la route », a-t-il rappelé, soulignant la nécessité de conjuguer prévention et répression. La police, précise-t-il, ne se limite pas à sanctionner. Elle agit aussi en amont pour inculquer les bons réflexes, notamment sur le port du casque, la surcharge et la vitesse excessive.
Mais la véritable annonce du jour est venue du contrôleur général de police Gaudens Segbo, commandant central des unités territoriales (CCUT). Pour lui, le mal est profond. Il estime que trop de motocyclistes circulent sans aucune formation préalable. « La plupart de ceux qui conduisent les engins à deux roues n’ont jamais fait de permis. On les sensibilise, certes, mais il est temps de passer à une étape supérieure », a-t-il déclaré, laissant entendre qu’un permis obligatoire pour les deux-roues est désormais envisagé.
Une mesure ambitieuse, mais pas sans défis. Car au-delà de la bonne intention, se posent les questions de la mise en œuvre notamment concernant le coût de la formation, l’accessibilité dans les zones rurales et l’encadrement administratif. Autant d’obstacles qui pourraient freiner un projet pourtant crucial pour la sécurité routière.
Si elle voit le jour, cette réforme pourrait marquer un tournant historique dans la gestion de la circulation au Bénin, à condition qu’elle soit appliquée avec rigueur, pédagogie et équité.
Gildas AHOGNI