Invité de l’émission « L’invité matinal » sur ESAE TV le jeudi 30 octobre 2025, le Père Éric Aguénounon a livré une analyse pertinente de la vie politique béninoise. Il y a révélé le vrai visage des hommes politiques béninois, mettant en garde contre une démocratie instrumentalisée par les leviers du droit et de la cupidité humaine.
Invité sur le plateau de L’invité matinal de la chaîne ESAE TV, le philosophe politique a dressé un tableau sans complaisance du paysage politique béninois. Il a déclaré que le président Patrice Talon se distingue « par sa statue d’homme méticuleux ». Le Père Aguénounon souligne qu’ «il embrasse à lui seul psychologie, sociologie, science juridique et science politique et il sait tenir les Béninois ». « C’est celui-là qu’il faut pour nous discipliner ». Mais il a prévenu qu’ « il y a une différence entre éduquer et dresser, entre rigueur et méchanceté, entre contrôler et brimer, entre surveiller et mater ». Pour lui, les événements politiques de 2019, 2021 et ceux qui s’annoncent ne sont que « la suite logique » d’un système construit sur deux leviers.
Les leviers pour tenir les acteurs politiques
Toutefois, le cœur de son intervention repose sur deux leviers fondamentaux qu’il estime qu’ils sont utilisés pour contrôler la scène politique: le levier juridique et le levier de la cupidité humaine. Le premier, explique-t-il, agit par la loi, la sanction, la peur de la prison. Et de citer Machiavel : « La meilleure dictature, c’est celle qui est faite à l’ombre des lois ». Selon le prêtre, ce levier juridique permet au pouvoir d’imposer une forme de discipline forcée. « Quand il y a la loi, les sanctions, juste après la prison, chacun peut se ranger », ironise-t-il.
Le second levier, celui de la cupidité, exploite les faiblesses humaines. « L’homme politique béninois est cupide. Il est instable. C’est ses intérêts avant tout, c’est sa survie politique», explique l’analyste politique. Et dans ce contexte, poursuit-il, il devient facile de manipuler des acteurs politiques plus préoccupés par leurs postes que par l’intérêt général. Il a par ailleurs indiqué : « Lhomme politique béninois est cupide. Il est instable. C’est ses intérêts avant tout, c’est sa survie politique. On peut avoir un poste. Le poste suffit. Ce qui se passe au plan général, au plan de l’intérêt général ne concerne personne, c’est le poste. Et ça- là on le sait et quand on le sait, on peut utiliser ce levier-là », a lâché le Père Eric Aguénounon.
Rappel de mémoire
Le Père Aguénounon a par ailleurs affirmé que « ce qui s’observe sous nos yeux nous tétanisent tous ». Il se désole qu’ « on découvre que rares sont ceux qui veulent opiner sérieusement et traiter le sujet à fond ». Les leaders politiques, les personnes ressources, dit-il, « tous sont spectateurs, stupéfaits devant ce qui se passent ». « Mais à la réalité des faits , dit le philosophe politique, « il faut constater que le président de la République a déjà dit avant même les campagnes de 2016 que pour gagner une élection , il faut maitriser les grands électeurs , il faut maitriser ceux qui sont les porte-voix , ceux qui constituent les chauffeurs de beaucoup de greniers » .
« En le disant et en le prouvant dans la réalité, il nous laisse tous entrer dans une démocratie capturée, dans une démocratie contrôlée, dans une démocratie qui pour d’autres est une démocrature, pour d’autres une dictature, pour d’autres une autocratie », a-t-il laissé entendre. Il a fait savoir que « le moyen que le chef de l’Etat a pris est celui de la démocratie capturée, contrôlée pour atteindre ses objectifs qui sont des objectifs dits de développement ».