(Quatre candidatures dans le starting-block)
A environ deux mois de la date de dépôt des candidatures pour la présidentielle de 2026, aucun prétendant au fauteuil présidentiel ne semble lever les mains. Au Bloc Républicain, un parti de la majorité présidentielle, les choses commencent à bouger. A côté de deux personnalités qui ont annoncé urbi et orbi leurs candidatures, deux autres ferraillent en coulisses pour décrocher le précieux maroquin.
Le bouillonnement observé au BR contraste avec la torpeur à l’UPR. Tandis que ce dernier est en proie à une psychose quant au choix du candidat, le BR se montre très entreprenant. C’est sûrement le seul parti béninois de la mouvance où les velléités de candidature se manifestent. Le parti a perdu beaucoup de plumes à travers les démissions de ses militants dans presque toutes les circonscriptions électorales, mais ne démord pas. De façon officielle, et contrairement à ce qui s’observe chez son frère jumeau l’Union Progressiste le Renouveau (Up-r) et au parti de l’opposition Les Démocrates (LD), au moins deux candidatures ont été déjà enregistré au Bloc Républicain. Bertin Koovi et Fred Houénou, tous membres du parti se sont déclarés candidats et deux autres à savoir Barthelemy Kassa et Samou Séidou Adambi, travaillent ardemment et discrètement sur le terrain pour succéder au président Patrice Talon en 2026. Mais à voir de près, quelle est la valeur réelle du BR sur le marché électoral à travers ses potentiels candidats ou candidats déclarés pour la prochaine présidentielle au Bénin ? Le parti peut-il compter sur ces militants pour briguer la magistrature suprême ? De toute façon, l’enjeu est très grand et aucun parti politique ne prend ses scrutins à la légère mais ils s’investissent à fond chacun à sa manière pour ne pas faire piètre figure. De ces 04 figures du Bloc, qui pourra donc faire le job ?
Bertin Koovi : populaire mais sans base électorale
Le président qui a annoncé sa candidature au BR est Bertin Koovi. Son champ de prédilection, ce sont les réseaux sociaux où il distille ses déclarations depuis des lustres. Là, il est très populaire et est reconnu par son éloquencedans ses théories abracadabrantes de la gestion du pouvoir et de l’économie fondamentaliste que les béninois ont du mal à assimiler. Longtemps très critique du pouvoir Talon, un mandat d’arrêt avait été lancé contre lui le 17 Mai 2019 pendant qu’il était hors du pays, pour incitation à la haine et à la violence. Il a retourné sa veste au deuxième mandat de l’actuel président qu’il soutient mordicus depuis lors, au sein du BR même si parfois on a du mal à comprendre sa réelle position. Il n’hésite pas à tirer sur des membres et mêmes très proches du régime. Sa popularité vaut de l’or sur les réseaux sociaux et son éloquence pouvait être recherchée si ce dernier n’avait pas l’habitude de changer de veste au gré des besoins même s’il a déjà craché maintes fois dans la soupe qu’il revient savourer. Il n’a malheureusement de base que sur les réseaux sociaux et personne de ses admirateurs ne peut bomber les torses au bénéfice d’une hypothétique réalisation de ce dernier pour quelque couche que ce soir sur le territoire béninois. Sa vision du pouvoir d’Etat n’est et ne sera certainement pas compris des béninois dont il sera obligé de solliciter les suffrages s’il était désigné candidat du BR à la présidentielle de 2026. Il parle bien français mais un peu trop bavard pour quelqu’un qui vise la gestion du pouvoir public. Bertin Koovi n’a jamais fait l’expérience d’une candidature concluante à une élection au Bénin. Tout ceci fait de lui, un personnage et un candidat peu sérieux.
Fred Houénou : Politiquement instable et sans fief
Le jeune Fred Houénoua fait du chemin en politique. Depuis 2003 et ce, même à l’Université, il milite et a même créé un mouvement politique dénommé le MAMES. Avec ce mouvement, il a soutenu la révision de la Constitution sous feu Général Mathieu Kérékou. Après le départ du Général qu’il a voulu maintenir au pouvoir malgré les dispositions de la loi fondamentale, il rejoint le régime du Président Boni Yayi qui le fera Conseiller technique à la jeunesse au Palais de la Marina. Avec l’avènement du régime de la rupture, il se montre très critique du régime Talon qui a fini par l’envoyer en prison en mais 2021. Sorti de la prison en Juillet 2022 après y avoir séjourné pendant un an, Fred Houénou atterrit au parti Bloc Républicain le dimanche 11 Septembre 2022 soit deux mois après sa libération. Eloquent et bon parleur, il est cohérent dans ses raisonnements. Mais politiquement, il est instable et personne ne peut pour l’heure, lui attribuer clairement ni une conviction, ni une position. Pire, Fred Houénou n’a pas de fief qu’il puisse vendre à son parti pour le convaincre de le choisir comme son candidat à la présidentielle prochaine. À l’image de Bertin Koovi, il n’a jamais fait l’expérience d’une élection et ne saurait brandir un résultat qui lui vaudrait la confiance de l’état-major du Bloc Républicain, à commencer par ABT. Instable politiquement, inexpérimenté dans les compétions électorales et sans électeurs assurés et prouvables, les chances du candidat Fred Houénou sont très minces pour être désigné candidat du parti pour la présidentielle de 2026. Mais qui sait ? Qui ne risque rien n’a rien.
Barthélémy Kassa : le faucon aux multiples casseroles
Barthélémy Kassa reste maitre de la 3ème circonscription électorale depuis au moins 3 législatures. Contrairement à Bertin Koovi et Fred Houénou, il détient une base politique qui lui est fidèle depuis des années et qu’il peut vendre au BR à qui il a permis de rafler les suffrages aux dernières élections législatives dans cette circonscription. C’est un poids lourd que les adversaires ne doivent aucunement ignorer. Seulement, il n’a pas les mains propres car il a, à son actif, des dossiers tels que PPA2, les malversations dans les négociations des contrats d’exploration pétrolières, l’hélicoptère présidentielle etc, qui le présentent comme un homme politique peu sérieux dans la gestion des affaires publiques. Hier très proche du président Boni Yayi et soutien indéfectible du régime de l’ex-président de la République, mais aujourd’hui grand cacique du régime dit de la rupture, Barthélémy Kassa fait déteindre son instabilité politique et les casseroles qu’il traine, sur sa capacité à fournir à son parti la preuve de son sérieux pour être désigné candidat et accéder à la magistrature suprême pour le BR. « Si Yayi demande d’aller à droite, on va à droite. S’il dit d’aller à gauche, on va à gauche…..Yayia changé on est dedans. Il a rechangé on est dedans. Il a encore changé on est toujours dedans….c’est ça la fidélité », cette déclaration reconnue à Kassa a été faite devant caméras et les populations, sous le régime de Yayi lorsqu’il prouvait combien il est attaché à l’ancien président de la République et que Yayi lui faisait confiance. Pourtant, il n’a pas hésité à changer de veste pour atterrir chez Talon qui a enfermé son ancien mentor, le docteur Boni Yayi à son domicile pendant 52 jours. Etait-il vraiment fidèle à Yayi ? Est-il vraiment fidèle à Talon ? Sera-t-il fidèle au projet de société de son parti, le BR, s’il était son candidat à la présidentielle ? De toute évidence, le premier vice président de l’Assemblée Nationale 9ème législature, Barthélémy Kassa n’est pas né de la dernière pluie en politique. Il a fait du chemin et détient fermement une base politique. Malheureusement, il est taché par des dossiers et son éloignement de Boni Yayi très adulé des béninois lui rendront la tache très difficile lorsqu’il se tournera vers les béninois pour solliciter leurs suffrages à la présidentielle de 2026.
Samou Séidou Adambi: Si Yayi n’existait pas, surtout dans la 8ème
Le jeune Samou Séidou Adambi a toutes les chances de passer si sa circonscription électorale, son fief politique n’était pas partagé avec l’ancien président de la République le Docteur Boni Yayi. Élu député en 2023, Ancien maire de Parakou, anicien ministre sous Yayi, ancien ministre sous Talon, il est porté par les populations de la 8ème circonscription électorale. Il a une base à Parakou qui peut lui valoir la confiance de son parti, le BR. Après sa brève démêlée avec son successeur le ministre Akpona qui l’a maladroitement accusé de siphonnage des milliards du ministère de l’énergie et de l’eau, son image a été requinquée par le ressent rapport du haut commissariat à la prévention de la corruption. Samou Séidou Adambi a une expérience électorale sur la base de laquelle il pourra être évalué comme d’ailleurs Barthélémy Kassa. Potentiel candidat très sérieux, il pourrait bénéficier du quitus de sa formation politique mais son seul malheur reste Boni Yayi très populaire, très pragmatique et assez pondéré pour détruire son électorat.
De Bertin Koovi à Samou Séidou Adambi en passant par Fred Houénou et Barthélémy Kassa, les candidats déclarés ou non du BR ont chacun du pain sur la planche s’ils veulent d’abord recevoir l’onction de leur formation politique et ensuite succéder à l’actuel locataire du Palais de la Marina. Le parti d’Abdoulaye Bio Tchané se positionne par défaut avec des candidats par défaut à cette présidentielle qui réserve bien de surprise aux béninois.