Selon deux chefs d’Etat de pays de l’AES et des panafricains à leurs soldes, le Bénin abriterait une ou plusieurs bases militaires françaises. Une accusation légère, forgée sur l’embrouillamini des réseaux sociaux et que les auteurs eux-mêmes n’arrivent guère à soutenir.
« Personne ne viendra nous dire qu’au Bénin il n’y a pas de bases françaises dirigées contre nous. Nous avons les preuves sous la main. Deux bases importantes », ainsi parlait le capitaine Ibrahim Traoré le 11 juillet 2024 à Ouagadougou devant les forces vives du Burkina Faso. Une déclaration forte, séduisante et forcément véridique, surtout lorsqu’elle sort de la bouche du sémillant capitaine, homme fort de Ouagadagou qui, hélas, détient la palme d’or des dirigeants propulsés par l’ingénierie de l’Intelligence Artificielle(IA) et la machine de guerre informationnelle qui tourne à plein régime sur le continent et qui produit des millions de fake news déversés sur la toile. Le capitaine Traoré ne fait là rien d’innovant. Il emboitait le pas au premier nigérien Ali Lamine Zeine qui avait agité les mêmes accusations deux mois plus tôt lorsqu’il devrait justifier le maintien de la fermeture de la frontière avec le Bénin.
Accusation sans preuve
Mais les postures du capitaine Traoré et du premier ministre Lamine Zeine, bien que marrantes, sont bien dans la tendance actuelle observée au niveau des dirigeants du sahel et quelques leaders populistes qui essaiment le continent. On fait des déclarations fortes, poignantes mais jamais étayées de la moindre preuve. Depuis ce 11 juillet 2024, les fameuses preuves du capitaine Traoré ne sont toujours pas venues. Et pourtant, il disait les avoir sous la main. La preuve ici, c’est la déclaration elle-même. Pas plus. On ne comprendra pas donc, un an après cette déclaration, ni le capitaine, l’un de ses hommes, n’ont encore affirmé que des militaires français venus des bases de Porga ou de Kandi au Bénin ont réussi à les attaquer. Bien au contraire, tous les terroristes tués ça et là et que la propagande présente sur les réseaux sociaux comme des trophées des succès militaires des forces armées burkinabè sur le terrain sont tous des individus de peau noire.
Le démenti de Thomas Dietrich
Le deuxième argument qui confond les chantres de l’accusation est le dementi de Thomas Dietrich. Ce journaliste d’investigation français avait fait une enquête au nord du Bénin dans laquelle il a révélé avoir rencontré des militaires français dans un camp à Kandi sans affirmer qu’il y avait une base militaire française. C’était du pain béni pour les autorités nigériennes qui cherchaient un alibi pour justifier la présence de base militaire au Bénin. Ils n’ont donc pas hésité à diffuser l’enquête sur l’Office de Radio et Télévision du Niger (ORTN) et l’ont brandie comme preuve de leurs accusations. Mais le journaliste qui a compris le manège a démenti aussitôt. Selon le journaliste, son reportage réalisé dans le nord du Bénin, « date de 2023, soit six mois avant le putsch contre Mohamed Bazoum. Les militaires français présents à Kandi n’avaient donc pas pour objectif de déstabiliser le pouvoir nigérien, à l’époque très francophile. Les soldats hexagonaux sont de plus partis de Kandi en février 2023, quelques semaines après mon reportage ». Il va rappeler qu’ils sont au nombre de 80 au plus, bien loin de la horde de militaires annoncée pour déstabiliser le Niger.
. Le chômage comme argument
Courant 2024 un jeune activiste avait été arrêté pour avoir demandé le départ de l’armée française du territoire béninois. Mais alors qu’on attendait à ses preuves, il se fond en excuses, affirmant que c’est le chômage qui l’a poussé à poser cet acte.
Depuis 2024, la même accusation tourne en boucle sur les réseaux difficiles. A force de tourner, elle s’est incrustée dans les mémoires des esprits faibles comme la vérité qu’elle n’est pas hélas.