Invité sur le plateau de l’émission Dimanche C’Politique diffusée sur E-Télé, Renaud Agbodjo, un analyste averti du paysage juridique et médiatique béninois n’a pas mâché ses mots. Dans une prise de parole sans détour, il a vivement critiqué certaines dérives observées depuis l’entrée en vigueur du Code du numérique au Bénin. Pour lui, le Bénin a fortement régressé en matière de liberté de presse.
« L’expression libre sur les réseaux sociaux a été restreinte. Ce qui est un recul, une atteinte à la liberté d’expression « . Telle est la substance des dires de Renaud Agbodjo qui était l’invité de l’émission Dimanche C’politique sur E-télé.
En effet, il estime que « le vote du Code du numérique, qui réprime l’infraction de harcèlement par voie électronique, constitue un recul, notamment en matière de liberté d’expression. » C’est dans cette logique qu’il rappelle que bien avant cette législation, le Code de la communication permettait déjà de réprimer des délits tels que la diffamation, tout en préservant les libertés fondamentales. « C’est ce cadre juridique équilibré qui avait permis au Bénin de figurer parmi les bons élèves en matière de liberté de la presse », a-t-il souligné.
Par ailleurs, il a affirmé être en faveur d’un encadrement légal des contenus numériques. « Oui à la régulation, mais non à la restriction », fait-il savoir. Il déplore en revanche que la notion de régulation soit aujourd’hui instrumentalisée pour restreindre des voix dissidentes, notamment sur les réseaux sociaux. « La plupart des activistes poursuivis devant la CRIET, qu’ils soient arrêtés au Bénin ou à l’étranger, n’ont jamais été convoqués. Ils sont directement interpellés, en violation du Code de procédure pénale », a-t-il dénoncé, rappelant que ce dernier pose clairement que « la liberté est le principe, et la détention l’exception. »
Un propos fort qui relance le débat sur les limites entre sécurité juridique et garanties démocratiques, dans un contexte où le Bénin a, depuis 2016, perdu plusieurs places dans le classement de Reporters sans frontières.
Gildas AHOGNI