L’enlèvement de Hugues Comlan Sossoukpè à Abidjan en Côte d’Ivoire, le 10 juillet dernier, alors qu’il était invité officiellement par le ministère ivoirien de la Transition numérique pour couvrir un événement sur l’innovation digitale, continue de susciter des réactions au sein des organisations internationales .La dernière en date est celle de Sadibou Marong, directeur du bureau régional de Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique de l’Ouest.
Reçu sur RFI ce mercredi 23 juillet 2025, Sadibou Marong a déclaré que concernant la situation de Hugues Comlan Sossoukpè, il peut « valablement parler de piège » comme il peut « aussi parler d’une mission professionnelle de journaliste qui s’est finalement transformée en traquenard ». Il a souligné qu’Hugues Comlan Sossoukpè, « est journaliste réfugié au Togo depuis quelques années » et qu’il « a officiellement été invité par le ministère ivoirien de la Transition numérique pour couvrir un événement sur l’innovation digitale ». « Il a été considéré comme un journaliste, et là, je cite les propos du ministère, ‘’un journaliste reconnu de la sous-région dans ce domaine’’ », a –t-il lâché.
« C’est compliqué car c’est inédit. On pourrait même considérer qu’un tel acte pourrait étonner pratiquement tous les défenseurs de la liberté de la presse d’une manière générale. Surtout par exemple quand on sait que la Côte d’Ivoire, ces dernières années, était assez bien classée au classement mondial de la liberté de la presse avec des bonds assez intéressants », a indiqué le directeur du bureau régional de RSF pour l’Afrique de l’Ouest, en ce qui concerne l’enlèvement du journaliste béninois en terre ivoirien. Il a signifié qu’ « il y a eu un peu » de « traquenard » dans le ‘’kidnapping’’ de Sossoukpè. « On ne peut pas dire que les autorités n’ont pas été complices. On peut fondamentalement dire que les autorités ivoiriennes étaient au courant, avaient certainement dû être consultées et avaient donc donné leur accord et leur aval pour pouvoir livrer ce journaliste-là. Cela est extraordinairement grave d’autant plus que c’est un journaliste réfugié », a affirmé Sadibou Marong.
Il a par ailleurs déploré que la «liberté de la presse en Côte d’Ivoire était encore étroitement liée au contexte politique ». Il y a aussi, dit-il, « l’influence de certains partis, des responsables politiques dans les médias qui devenaient très grands ». Il a fait savoir que le pouvoir de la rupture au Bénin est « un régime qui est nettement imprévisible par rapport à la liberté de la presse ». « Actuellement, dans le contexte actuel, on voit que les voix indépendantes et les journalistes critiques, même modérés, sont perçus avec une attention assez croissante », a-t-il souligné. Sadibou Marong a martelé que des « voix discordantes doivent pouvoir être acceptées dans un État démocratique ».
« Maintenant, ce qui est le plus important pour nous, c’est l’appel que nous avons lancé aux autorités qui ont commencé à s’atteler à faire des concertations. Mais aussi à réconcilier les résultats des assises nationales dans la presse, des concertations, disons, du secteur de la communication. Il faut réconcilier tout cela. Et également aussi s’atteler à renforcer les capacités des organes de régulation des médias », a conclu le directeur du bureau régional de Reporters sans frontières pour l’Afrique de l’Ouest.