Le porte-parole et Secrétaire général adjoint du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji a réagi à l’arrestation du journaliste Comlan Hugues Sossoukpè. Selon lui, l’activiste n’est pas exempt de tout reproche.
Face aux critiques et interrogations soulevées par l’interpellation puis l’extradition du journaliste Hugues Comlan Sossoukpè depuis la Côte d’Ivoire, le gouvernement béninois apporte sa version des faits. Intervenant ce dimanche 20 juillet 2025 sur la chaîne de la télévision privée Canal 3 Bénin, le porte-parole du gouvernement a formellement rejeté toute idée d’enlèvement ou d’opération illégale. « Vous ne pouvez pas dire que ça a été fait en dehors de toutes connaissances des autorités ivoiriennes », a-t-il affirmé, en réponse aux accusations de méthode « de gangsters » relayées sur les réseaux sociaux et dans une partie de l’opinion. Selon lui, l’arrestation s’est déroulée dans le strict respect des règles de coopération entre États. « Il y a eu de la coopération entre deux pays dans les règles de l’art pour que l’intéressé soit interpellé », a-t-il insisté.
Alors que beaucoup s’interrogeaient sur le plaignant dans le dossier, Wilfried Léandre Houngbédji a été on ne peut plus clair : « Premièrement avant qu’il ne prenne le large, c’est un particulier, un chef d’entreprise qui avait porté plainte contre lui pour des écrits négatifs à l’encontre de sa structure. C’est d’abord ça. Nous avons eu affaire à un activiste qui de tout temps à affirmer, écrire, diffuser des choses, je n’appelle pas ça informations, qui bien souvent, ont été contredites, démenties, montrant à l’opinion que cet activiste n’était pas dans la vérité. Mais cela n’a jamais émoussé son ardeur à continuer dans ce sens. Et personne n’y a échappé. Aussi bien les autorités publiques que des particuliers et pire, le pays lui-même sans parler de nos forces armées béninoises ».
Et il a indiqué : « Ceux qui n’ont rien à se reprocher, ne se cachent pas. Ils ne fuient pas pour faire leur travail. Quand bien même ils sont critiques et Dieu sait que dans notre pays, il y a des citoyens, des journalistes critiques qu’on lit sur les réseaux sociaux tous les jours mais qui ne font pas dans le mensonge, dans la calomnie, dans les outrances comme celui dont nous parlons ici aujourd’hui ». Il a par ailleurs affirmé que contrairement à ce qui se dit, Hugues Comlan Sossoukpè résidait déjà en Côte d’Ivoire. Il n’a donc pas été appâté par les autorités ivoiriennes.
Selon lui, le web activiste n’a été arrêté au premier abord parce que recherché par le pouvoir en place. « Au départ, ce n’était pas nous .C’est après qu’il s’est mis à écrire tout ce qu’il voulait .Votre serviteur (Wilfried Léandre Houngbédji) en a subi les frais. Mais cela n’est pas le plus important Ce qui m’intéresse le plus, c’est ce qu’on est capable de répandre sur son pays, sur nos forces armées béninoises, sachant par ailleurs que c’est faux et qu’on est dans la manipulation et dans l’outrance », a déploré le porte-parole du gouvernement. Il s’est exprimé également sur la procédure ayant conduit Hugues Sossoukpè devant la justice béninoise. Alors que des voix dénoncent un enlèvement du journaliste à Abidjan, le porte-parole du gouvernement béninois a laissé entendre qu’il s’agit plutôt d’interpellation. « Moi j’ai lu qu’il a été interpellé par des agents de police dans le pays où il résidait depuis un moment. Ce sont les agents de police qui sont allés le chercher pour le ramener au Bénin », a-t-il fait savoir.
Wilfried Léandre Houngbédji s’est aussi prononcé sur les accusations portées à l’encontre du journaliste. Il a rappelé que la liberté d’expression, bien qu’encouragée par le gouvernement, n’exonère pas de la responsabilité liée aux propos tenus. « Chacun est témoin des productions de notre compatriote sur les réseaux sociaux. Certains évoqueront la liberté d’expression. Certes, le gouvernement est partisan de la liberté d’expression… mais nous savons aussi que la liberté rime avec la responsabilité », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « La liberté d’expression doit s’analyser comme le droit de dire, de prétendre ou d’affirmer ce que l’on veut, tout en s’accompagnant du devoir d’assumer ou, à tout le moins, de prouver ses allégations. »
Rappelons que le journaliste est placé sous mandat de dépôt après son arrestation à Abidjan le 10 juillet 2025 et son extradition à Cotonou. Comlan Hugues Sossoukpè doit répondre à quatre chefs d’accusations. Il est poursuivi à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour les faits d’ « incitation à la rebellion, incitation à la haine et à la violence, harcèlement par le biais d’une communication électronique et apologie du terrorisme » . Le dossier de l’activiste est renvoyé en instruction pour les investigations.