Depuis 2016, les prisons béninoises ne cessent de grossir. L’effectif accroît grâce aux arrestations des opposants au régime dit de la rupture et de toutes autres voix discordantes telles que les web activistes. Vendredi dernier, les béninois ont appris par les médias traditionnels et sociaux une nouvelle arrestation assimilable à un kidnapping qui plus est dans un pays étranger. Pas étonnant, puisque Comlan Hugues Sossoukpè, puisque c’est de lui qu’il s’agit a été interpellé à Abidjan en Côte d’Ivoire pendant qu’il participe à un colloque international sur le numérique. Web activiste de renom et très critique du régime de la rupture, le journaliste vivait en exil au Togo depuis 6 ans et a été comme Steve Amoussou le 12 Août 2024 à Lomé, kidnappé puis extradé au Bénin sans procédure judiciaire requise et contre tous les principes démocratiques. L’opposant Komi KOUTCHÉ avait subi presque le même sort lorsqu’il a été interpellé à Madrid le 14 Décembre 2018. Il fut libéré le 18 Janvier 2019 après un procès qui a ridiculisé le gouvernement béninois. Lui qui, malheureusement continue de traquer ceux qui ne parlent pas le même langage que lui. Depuis plus de 4 ans, le ministre Reckya Madougou et le professeur Joël Aïvo croupissent dernière les barreaux. Dans la nuit du 13 au 14 Novembre 2024, l’ancien patron de la Police Nationale le Général Louis Philippe Houndegnon a été arrêté après avoir fait des déclarations quelques semaines avant sur les réseaux sociaux. Depuis le jeudi 05 Juin 2025, l’opposant, écrivain et poète Julien Kandé Kansou est également en prison pour ses publications sur les réseaux sociaux. Comme lui, plusieurs autres voix critiques du régime dit de la rupture sont en prison pour leurs opinions et positions politiques.
Ces arrestations «Politiques», suscitent beaucoup d’interrogations sur les objectifs réels du régime en l’occurrence du président de la République à qui beaucoup de langues attribuent l’idée d’un plausible troisième mandat. Partira ou ne partira-t-il pas ? La question reste posée surtout que tout semble se mettre en œuvre pour faire taire ceux qui ne parlent pas le même langage que le régime.
Une chose est certaine, le régime du président Patrice Talon n’est visiblement pas encore prêt à diluer son vin en ramenant complètement la balle à terre tel dans un pays véritablement démocratique. Komi KOUTCHÉ, Reckya Madougou, Joël Aïvo, Louis Philippe Houndegnon, Steve Amoussou confondu à Frère Hounvi, Julien Kandé Kansou et Comlan Hugues Sossoukpè pour ne citer que ceux-là n’ont certainement pas encore de benjamin à moins que le régime abolisse «sa ruse et sa rage», érigée en mode de gouvernance.
La tension politique est très vive au Bénin à la veille des élections générales placées sous la coupole d’un code électoral vomi par toutes les forces vives de la nation. L’opposition dans son ensemble, les confessions religieuses et surtout la conférence épiscopale, les confédérations et centrales et confédérations syndicales, la société civile, les anciens présidents des institutions béninoises et bien d’observateurs de la vie politique nationale et internationale sans oublier les juristes de très gros calibres, ont dénoncé, critiqué et appelé à la relecture de ce code sans émouvoir le régime qui jusqu’ici fonce la tête baissée.
Pour l’heure, les arrestations continuent alors que le Bénin est à moins d’un an de la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président Patrice Talon.